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Austérité à perpétuité

 

Tout converge. Une solide cohérence rassemble les forces de droite à tous les niveaux du pouvoir. La « réduction de la dette publique » agit en effet comme catalyseur et fédère toutes les politiques antisociales. Dame ! les collectivités publiques, les employés d’État et les services à la population coûtent cher et utilisent évidemment la plus grande partie des ressources !

Du « personal stop » voté par le Grand Conseil genevois au « gel des effectifs » de la Confédération en cours de débat aux Chambres fédérales, toutes les propositions s’en prennent à la fonction publique. Des restrictions salariales des fonctionnaires discutées à Neuchâtel jusqu’au dernier rapport sur la Suisse publié en début de mois par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), toutes préconisent des mesures d’austérité sévères pour limiter ou réduire les « coûts » et « gagner en efficience » dans les services publics.

Au niveau fédéral, l’avenir sera balisé par le « programme de stabilisation 2017-2019 » mis en consultation pour économiser au final un milliard de francs chaque année dans les comptes de la Confédération. Sur les 25 mesures d’économie, la coopération internationale, la formation, l’administration fédérale, l’agriculture, l’infrastructure ferroviaire et les assurances sociales paient le prix fort.

Les arguties à l’appui de telles politiques visent souvent à noyer le poisson. À les entendre, ce serait pour le bien de la population que l’on couperait dans les prestations destinées à cette même population : on les réduit afin de pouvoir les maintenir ! Un peu plus sophistiqués, certains boniments préconisent la réduction de la dette pour ne pas plomber l’avenir des générations futures… quitte à leur léguer un monde déjà déglingué par l’austérité actuelle. Heureusement, le directeur de l’Administration fédérale des finances, Serge Gaillard, a la franchise d’un discours clair.

« En matière de dépenses, nous adaptons nos désirs à nos moyens », affirme-t-il dans La Vie économique. Il justifie même et anticipe la baisse des revenus fiscaux sur les entreprises en appelant le Parlement fédéral à resserrer les futures priorités, car « on ne peut plus tout financer ». Cette politique étatique répond exactement au credo des libéraux-radicaux, pour qui il faut « d’abord prendre en compte les moyens de l’État au lieu de suivre uniquement une logique des besoins », quand bien même les grosses fortunes de quelques membres de ce parti explosent.

Ainsi, il ne faudrait plus tenir compte de la situation d’une population en augmentation, dont de larges pans sont continuellement précarisés par l’éjection d’un marché du travail toujours plus compétitif et féroce. Il faudrait se contenter d’un « État social » minimal correspondant aux recettes disponibles, sans chercher à augmenter les ressources fiscales.

Suivre uniquement le fil rouge de la réduction de la dette revient à ériger l’austérité en politique structurelle – et non plus conjoncturelle — et à refermer définitivement la parenthèse des trente années de partage des progrès et des richesses d’après-guerre. Mais c’est aussi retrouver le vrai visage du capitalisme originel : une ploutocratie à combattre sans concession.

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