La Suisse discute de la numérisation, mais oublie les travailleuses et travailleurs
Les individus sont au cœur de la numérisation, mais le processus ne semble pas inclure les travailleurs et travailleuses
Le 20 novembre s’est déroulée la conférence nationale «Suisse numérique» de l’OFCOM. Aujourd’hui, 21 novembre, digitalswitzerland organise à son tour une «journée du digital». Les deux événements ont pour but de donner une vue d’ensemble de la numérisation et de fournir des éléments de réponse pour le futur. Il est toutefois frappant que les deux événements mentionnent les individus et le travail, mais omettent les travailleurs et travailleuses. Ils manquent ainsi une opportunité.
La numérisation entraîne un bouleversement radical du monde du travail, dont les effets se répercutent sur la société. Rien ne semble pouvoir stopper cette transformation, mais nous sommes convaincus qu’elle peut être façonnée. C’est pourquoi nous ne voulons pas rester impuissants face à ce phénomène.
Un débat de fond, qui inclut les travailleurs et travailleuses, s’impose sur les conséquences de la numérisation du monde du travail. C’est la seule façon de garantir une numérisation dotée d’une responsabilité sociale en Suisse.
Il faut adapter les règles pour exploiter les opportunités.
syndicom est prêt à relever l’enjeu de la numérisation. Pour y parvenir, il faut des objectifs clairs sur la manière d’adapter les dispositions actuelles, afin d’exploiter les opportunités pour l’économie et les travailleurs et travailleuses. Concrètement, syndicom exige:
- Un droit au perfectionnement. Le perfectionnement à vie gagne en importance, car la durée de vie du savoir est toujours plus courte. Or le perfectionnement nécessite du temps et de l’argent. Pour qu’il soit accessible à tous les employé-e-s, l’employeur doit participer aux coûts. Dans les entreprises où existe un partenariat social, le droit au perfectionnement peut être inscrit dans les conventions collectives. En l’absence d’un partenariat social, ce droit devrait être réglé sur le plan légal.
- Un droit à la déconnexion. La numérisation entraîne la disparition des frontières entre le travail et les loisirs. Aujourd’hui, nous pouvons travailler n’importe où et à tout moment. Pour éviter de devoir contraindre notre volonté, des règles claires doivent être édictées. Faute de quoi, la santé des travailleurs et travailleuses en pâtira de plus en plus. Les statistiques sur les coûts de la santé générés par le stress au travail sont des signes précurseurs de ce développement.
- Des plateformes certifiées. L’importance accrue des travaux de plateforme remet en question avec toujours plus d’acuité la sécurité sociale des travailleurs en Suisse, car celle-ci est étroitement liée à une activité rémunérée. Afin que les mandants et donneurs d’ouvrage puissent endosser leur responsabilité sociale, il faut introduire des plateformes qui respectent les standards minimaux et assujettissent les travailleurs au régime de la sécurité sociale. La certification des plateformes offre une solution possible en ce sens.
Interview de Giorgio Pardini à l'émission économique «Trend» de la SRF
Giorgio Pardini s'exprime sur l'intelligence artificielle à l'émission économique «Trend» de la SRF du samedi 18.11.2017.