La TV au lendemain de Pâques
Quel rapport entre un lapin en chocolat et la votation concernant la révision de la Loi sur la radio et la télévision (LRTV) ? C’est facile, il vous suffit de lire le texte jusqu’au bout pour le comprendre.
L’Union suisse des arts et métiers, à l’origine du référendum contre la révision de la LRTV, ne ménage pas sa peine dans cette campagne. Non seulement elle argumente avec des chiffres mensongers et des allégations fantaisistes mais elle se plaît à disserter sur des choses totalement hors de propos comme les prétendues augmentations du budget de la SSR – qui n’est pas à l’ordre du jour. Et on ne vote pas non plus sur le programme télé.
De quoi s’agit-il vraiment ?
La votation porte sur un nouveau système de perception de la redevance, plus équitable que le système actuel, puisqu’il fera passer tout le monde à la caisse – y compris les anciens resquilleurs. Un système qui abaissera aussi la redevance de 462 à 400 fr. Enfin, la part allouée aux chaînes de radio et de télévision privées leur fournira des ressources supplémentaires pour la formation. La SSR, en revanche, touchera les mêmes contributions qu’auparavant.
Voilà donc assez de bonnes raisons de voter OUI. L’USAM invoque haut et fort les quelque 16 % à peine d’entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur au demi-million, qui seront seules à devoir payer une redevance plus élevée. Or, l’objet de la votation soulève des questions fondamentales qui vont bien au-delà du simple cadre légal : il en va en effet du principe même de la solidarité. Même si certains ne regardent pas la télévision et n’écoutent pas la radio, le système audiovisuel public profite néanmoins à l’ensemble des citoyens. L’offre en matière d’information, de culture, de formation et même de divertissement favorise la discussion démocratique, qui est bénéfique à tous. Même à ceux qui s’en tiennent à l’écart.
En résumé : un système de redevance plus équitable, des redevances réduites pour les ménages, des améliorations en faveur des chaînes privées. Et moins de contrôles Billag, donc moins de bureaucratie. Enfin, un meilleur système de redevance renforce le service public dans le domaine audiovisuel. Il est donc facile de dire OUI à la LRTV – les arguments ne manquent pas.
Conditions de travail SSR : référence en journalisme
Et le lapin en chocolat dans tout cela ? Tout le monde ne regarde pas forcément la télévision et tout le monde ne mange pas forcément du chocolat – oui mais tous les contribuables financent néanmoins les subventions allouées à l’industrie du chocolat. L’USAM ne semble pas s’en offusquer. Et les exemples de ce type ne manquent pas.
Pour finir, n’oublions pas l’aspect syndical : de nombreux collègues dans les médias privés subissent des mesures de démantèlement et pâtissent des mauvaises conditions de travail. Faut-il alors renforcer – ne serait-ce qu’indirectement – les bonnes conditions de travail existant, comparativement, à la SSR ? Bien entendu ! Car en affaiblissant la SSR, on affaiblirait encore davantage les normes et les conditions de travail dans le journalisme – au détriment de tous.
Géraldine Savary, conseillère aux Etats PS du canton de Vaud
« Chaque entreprise en Suisse utilise les informations transmises par les médias ; leurs employés écoutent la radio dans les locaux ou les véhicules. Il est donc normal que les entreprises contribuent au financement de l’information. Avec la nouvelle redevance, elles paient une part modeste de 15 %. »
Solidarité avec la grève de Radio France
Depuis le 19 mars, une grève paralyse les antennes de Radio France. Cinq syndicats avaient déposé un préavis de grève illimitée. « Face au désengagement de l’Etat, à l’étranglement budgétaire actuel, aux projets de restructurations de la direction de Radio France, qui portent atteinte aux emplois, aux métiers, aux contenus, à l’organisation du travail, les salarié·e·s manifestent leur refus de la démolition programmée de Radio France et de ses missions de service public. »
L’information et la culture, au même titre que la santé et l’éducation, sont des biens communs qui devraient être soustraits aux logiques marchandes.
Extrait du communiqué d’Acrimed (www.acrimed.org), 1er avril 2015.