Rien n’oblige à privatiser davantage Swisscom
Lors de cette session parlementaire automnale, deux motions qui exigent la privatisation complète de Swisscom seront traitées. Natalie Rickli (UDC) et Ruedi Noser (PLR) veulent que la Confédération renonce à sa participation majoritaire dans Swisscom et se limite à son rôle d’actionnaire minoritaire.
Les arguments de la conseillère nationale UDC et du conseiller aux Etats PLR ne sont pas nouveaux : la Confédération ne peut pas être vraiment neutre dans son double rôle de régulateur et de copropriétaire. En tant qu’entreprise fédérale, Swisscom est avantagée, ce qui empêche la libre concurrence. Noser et Rickli reprennent largement l’argumentation de l’OCDE, qui recommandait elle aussi une privatisation dans son rapport de décembre 2015 sur la politique économique de la Suisse. L’OCDE considère qu’une privatisation contribuera à un renforcement de la croissance par la productivité et donc à un plus haut niveau de prospérité pour tous.
Coup de force idéologique
L’argumentation selon laquelle les privatisations conduisent automatiquement à davantage de prospérité est aujourd’hui dépassée. Nous savons que les privatisations d’industries de réseau peuvent déboucher sur de nouveaux monopoles privés et entraver les investissements dans la branche. Ce qui implique en fin de compte une diminution des bénéfices pour les investisseurs privés et une répercussion des coûts sur la collectivité. Aujourd’hui, Swisscom est une entreprise saine : elle entretient un des meilleurs réseaux au monde et ses bénéfices reviennent à la collectivité. En outre, la participation majoritaire de la Confédération lui garantit la possibilité d’intervenir en cas de nécessité. Une privatisation ne s’impose donc pas, et elle n’est pas souhaitable.
A nos yeux, les deux motions renferment un discours idéologique et antidémocratique. D’après leurs auteurs, l’Etat et le service public devraient être réduits à la portion congrue, pour que les privés puissent occuper l’espace public.