Une politique en matière de rentes dévastatrice et au détriment des salarié(e)s
Décision de la commission du National sur «Prévoyance vieillesse 2020»
La Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national (CSSS-N) ne reconnaît pas les signes du temps. Elle persiste, à une minuscule majorité, dans sa conception selon laquelle on devrait " travailler plus longtemps, payer beaucoup plus de cotisations et, malgré cela, avoir un niveau de rente incertain ". Cela, alors que le Conseil des États avait adopté des propositions pour une révision des retraites réfléchie.
La majorité de la CSSS-N a une nouvelle fois raté l'occasion de défendre des solutions permettant que la stabilité des revenus touchés sous forme de rentes et financièrement supportables pour de larges pans de la population. En lieu et place, la commission continue à miser sur un énorme développement de la prévoyance professionnelle obligatoire. À cause de lui, les cotisations du 2e pilier des bas revenus tripleraient pratiquement, ce qui irait de pair avec des baisses consistantes des salaires nets. Et cela, à une époque où le système de capitalisation du 2e pilier est en pleine crise. En effet, malgré une hausse bien plus élevée des cotisations de ce dernier, le niveau des rentes est en train de s'effondrer parce que les intérêts servis sur l'argent épargné baissent toujours plus et parce que le taux de conversion minimal baisse aussi.
Ce sont précisément les femmes qui sentiront fortement les baisses de salaire, car leurs salaires sont habituellement inférieurs. La perspective pour elles de toucher une rente suffisante et stable sera maigre. C'est particulièrement inquiétant pour celles qui sont âgées de 60 ans et plus. Elles seraient de fait les premières à être touchées par le rapide relèvement à 65 ans de leur âge de la retraite. Et c'est précisément aussi à elles que le développement du 2e pilier, à part des coûts supplémentaires, n'apporterait que des miettes. Pour elles, l'augmentation des rentes AVS décidée par le Conseil des États est essentielle.
Pour les personnes à très bas revenus, l'encouragement de la retraite anticipée proposée en outre par la commission ne représente aucunement une compensation pour la dégradation de leurs rentes. Les conditions posées sont à ce point restrictives que seules quelques rares personnes pourront en profiter. Que la commission persiste parallèlement à vouloir introduire un relèvement automatique à 67 ans de l'âge de la retraite montre à quel point son action est dénuée de toute vision.
Le Conseil national ferait bien, lors de la session de printemps, de s'écarter de la ligne de sa commission et de se rallier aux décisions du Conseil des États. Sous la forme voulue par la CSSS-N, " Prévoyance vieillesse 2020 " n'a aucune chance devant le peuple. En effet, elle s'avère en fin de compte négative pour les travailleurs et travailleuses. L'USS se prononcera sur cette réforme après le vote final du Parlement le 24 mars prochain. (USS)