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Une « taxe Google » en soutien du Landbote ?

En Suisse, de nombreux médias imprimés ont la corde au cou. Une aide financière directe est donc nécessaire, exigele PSS dans un document de prise de position. Lors d’une réunion au Palais fédéral, il a mis en discussion une redevance sur les services web tels que Google et Facebook. De nombreuses questions restent encore à clarifier.

Les médias traditionnels sont en crise [même si des grands groupes comme Tamedia restent très rentables, ndlr]. C’est aussi ce qu’ont confirmé les représentants des médias qui étaient présents à la réunion « Atelier du futur pour une nouvelle politique des médias 2013 » de syndicom et du Parti socialiste suisse (PSS) au Palais fédéral à Berne. « Sur les trois postes de correspondant que j’ai occupés à l’étranger, il n’en reste plus qu’un », a rapporté Roman Berger, ancien journaliste au Tages-Anzeiger. « Notre journal est confronté à de gros problèmes », a déclaré Colette Gradwohl, rédactrice du Landbote à Winterthour.

contribution annuelle à la presse de 100 à 200 millions ?

L’évolution du paysage médiatique (développement du numérique, déplacement de la publicité vers les nouveaux médias, etc.) – en Suisse comme ailleurs –donne un nouvel élan à la revendication d’une aide directe à la presse. Il n’existe pour l’heure qu’une aide indirecte fournie par des taxes postales préférentielles et une réduction du taux de la taxe sur la valeur ajoutée (ces deux mesures correspondent à un montant total d’environ 100 millions de francs). Dans un document qu’il a mis en discussion à la réunion, le PSS préconise de passer de l’aide indirecte à une aide directe. Il propose une contribution annuelle de l’ordre de 100 à 200 millions de francs. Pour cela, d’autres sources de financement doivent être trouvées. Comme pour les médias électroniques, il faut que le soutien aux médias imprimés soit lié à un mandat de prestations.

Le moment est favorable, car le Conseil fédéral souhaite introduire une redevance radio et télévision indépendante des appareils de réception. Cette taxe doit aussi s’appliquer aux personnes qui ne possèdent pas de radio ou de téléviseur – car elles peuvent regarder la télévision ou écouter la radio sur leur ordinateur ou leur portable. On pourrait utiliser une partie de ces fonds (à long terme) pour le soutien aux médias imprimés, estime le PS. Il propose en outre deux autres instruments de financement : on pourrait prélever une taxe de 1 à 2 % sur chaque franc facturé par les entreprises de médias pour la publicité. Le PSS souhaite aussi introduire une taxe sur le trafic des données pour les services web qui exploitent les prestations journalistiques de tiers à des fins commerciales. Le président François Hollande a obtenu de Google qu’il verse 60 millions d’euros à la presse française.

discussion encore ouverte

Les représentants des médias et de l’économie présents à la réunion se sont accordés à dire qu’un soutien direct à la presse est nécessaire. Nick Lüthi, rédacteur de Medienwoche (magazine alémanique en ligne spécialisé sur les médias), a aussi trouvé que les propositions vont dans la bonne direction. Mais il a critiqué les trois sources de financement pour le soutien aux médias qu’il estime trop nombreuses. « Il est beaucoup plus prometteur de poursuivre la transformation de la redevance de réception en un impôt sur les médias. »

Colette Gradwohl du Landbote (journal de Winterthour et environs) s’est montrée plus sceptique car, selon elle, il n’y a pas de recette simple pour le financement des médias imprimés. « Une taxe sur la publicité enlève de l’argent aux journaux commerciaux », a-t-elle expliqué.

La réunion a montré que de nombreuses questions doivent encore être clarifiées pour déterminer, par exemple, quels médias doivent être soutenus . Le PSS propose d’encourager les médias qui ne sont pas axés sur la shareholder value (les fameux 15-20 % de retour sur investissement pour les actionnaires, chers à M. Supino de Tamedia). Il faut aussi déterminer qui décidera du soutien. D’autres ont relevé que la suppression prévue des taxes postales préférentielles ne devrait pas être acceptée.

Quelle sera la suite ? Le PSS souhaite encore adapter le document de prise de position et le faire approuver par les organes du parti. Pour concrétiser les propositions, une modification constitutionnelle est nécessaire et donc une votation populaire – cela prend du temps. Le Conseil fédéral pourrait aussi faire prochainement une proposition concrète. A suivre.

 

Stefan Boss est journaliste indépendant.

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