Un plaidoyer syndical contre No Billag

Nous votons le 4 mars prochain sur l’initiative No Billag. Il ne s’agit pas seulement de savoir si nous continuerons à payer une redevance pour la radio et la télévision. L’enjeu est bien plus important. Pour tous les salarié(e)s également. Il s’agit de programmes de radio et de télévision auxquels l’on puisse se fier et qui ne sont pas uniquement conçus pour être rentables ou répondre aux intérêts de partis politiques, de certains groupes de la société.

Thomas Zimmermann, responsable de la communication de l’USS

Le 25 novembre 2011, par une matinée grise, Novartis lâche une bombe : la multinationale pharmaceutique veut supprimer 2000 emplois, dont 320 à Prangins (VD). Sans nécessité aucune. La colère gronde alors. Pas seulement celle des personnes concernées. Le Conseil fédéral, le gouvernement et le parlement vaudois ainsi que de larges pans de la population réagissent et soutiennent la lutte qui se soldera par une victoire des employé(e)s de Novartis et de leur syndicat. Les emplois seront sauvés.

Changement de scène. Mars 2017. Cent vingt employé(e)s de la SSR et de diverses chaînes de radio-TV discutent de l’initiative No Billag pendant le congrès de leur syndicat SSM. L’atmosphère est tendue. Parce que les professionnels de l’audiovisuel savent parfaitement que si l’initiative est acceptée, leur emploi sera menacé un an plus tard. En tout, 7000 emplois sont directement menacés et 6500 dans des entreprises sous-traitantes. Car sans redevance, les revenus de leurs employeurs s’effondrent : -50 % pour les chaînes locales et -75 % pour la SSR. N’importe quelle entreprise ferait faillite dans pareille situation. Raison pour laquelle les employé(e)s de la SSR ont décidé de se battre pour leurs emplois. Ils ont en outre constitué des réserves pour les luttes à venir.  

Alors que les employé(e)s de Novartis se sont attiré une large sympathie, dans le cas de No Billag, beaucoup de médias critiquent la moindre déclaration des personnes concernées, un parti pris totalement inapproprié dans une campagne de votation. Mais pour nous syndicalistes, il est toutefois évident que si nos emplois sont supprimés sans raison, nous nous défendons. Et les autres syndicats soutiennent les collègues menacés.

No Billag détruirait non seulement des milliers d’emplois. Mais en plus, une partie importante du service public serait dans l’œil du cyclone, un service dont la société bénéficie et que le marché ne pourrait à lui seul financer. La radio et surtout la télévision coûtent cher à la production. Les marchés en Suisse sont très petits. Raison pour laquelle la publicité rapporte trop peu pour produire un large programme offrant de l’information et du divertissement dans les quatre régions linguistiques. Sans ce service public, un programme de base commercial pourrait subsister en Suisse alémanique. Mais ce serait la fin des programmes en Suisse romande, au Tessin et dans les Grisons.

Le mandat clair des médias de service public est également crucial : ils doivent contribuer à la formation de l’opinion et présenter les différents points de vue de manière factuelle. Il est évident qu’ils n’y parviennent pas toujours. Sinon les responsables de la communication de tous les partis, de la droite à la gauche, ainsi que de toutes les grandes organisations ne les accuseraient pas à tour de rôle de faire preuve de partialité. L’USS la première, quand la télévision suisse-alémanique ne pipe mot de la manifestation qui a rassemblé 20 000 personnes à Berne pour de bonnes retraites.

Si tous se plaignent, ces chaînes n’ont donc pas d’orientation politique, que ce soit à droite ou à gauche. Raison pour laquelle 80 % de ces plaintes, peu importe le plaignant, sont rejetées par l’organe de médiation. D’un point de vue syndical, il est clair que nous avons besoin de médias qui parlent de nos demandes et nous laissent exprimer notre point de vue. Ces médias sont aussi en droit de nous critiquer. La loi leur impose toutefois de nous traiter comme les patrons, comme tous les partis. Sans programmes de radio et de télévision tenus par la loi de traiter les partis et toute association sur pied d’égalité, impossible à une démocratie de fonctionner. Ce mandat de service public qui consiste à refléter la diversité des opinions en Suisse de manière fidèle et équitablement ne doit pas disparaître de la Constitution fédérale.

Mais c’est justement cette voix indépendante qui passe mal auprès des initiants. C’est pour cela qu’ils veulent détruire la radio et la télévision en Suisse. Ce n’est pas une coïncidence si la plupart des initiants sont ultra-libéraux et veulent imposer leur dogme au paysage médiatique aussi. Afin d’influencer ensuite l’opinion publique avec des offres de base.

Mais le prix à payer est élevé. Pour la formation de l’opinion publique. Pour la cohésion nationale. Mais aussi pour notre porte-monnaie. Car si les chaînes qui bénéficient de la redevance disparaissent, nous devrons conclure des abonnements onéreux pour le sport, les films et les autres prestations. Et finalement payer bien plus que les 365 francs par an pour un programme complet avec des informations fiables, du sport suisse, du divertissement et de la culture. Le prix à payer est bien trop élevé. Raison pour laquelle l’USS et ses fédérations disent clairement Non à No Billag.

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