Le PS jurassien a 50 ans
PS Jurassien, 50 ans au service de la solidarité. Éditions de la Rue du Nord.
Grande surprise. Je le croyais né en 1919. Cela fait bien plus que 50 ans. Le livre qui est consacré à ce demi-siècle précise bien que le parti actuel a été formé pour être un acteur important dans le cadre de l’organisation du nouveau canton. L’ancien PSJ s’était trop longtemps déchiré entre pro-bernois et indépendantistes. Jean-Claude Rennwald ne revendique que le titre de rassembleur de textes, mais ceux qui suivent son activité éditoriale reconnaîtront sa patte de la première à la dernière page. Cela dit sans négliger l’important travail de ses coauteurs et coautrices. Merci à Françoise Schaffter, Lisa Raval, Jean-Marie Miserez, Gabriel Nusbaumer et Adrian Zimmermann.
Mon premier plaisir a été de rencontrer, au cours de ma lecture, toute une série de camarades avec lesquels j’ai eu à militer pendant la dernière moitié du XXe siècle. Mon plaisir devient jouissance quand, à la page 43 par exemple, on lit les succès rencontrés par ces militants lors des votations populaires. Hélas, si les Jurassiens votent très souvent comme le PSJ le leur propose, les résultats nationaux annulent ce bel élan vers plus de justice et plus de solidarité. Toute la Suisse romande est souvent dans cette même situation.
A tous ceux et celles qui, proches ou pas du PSS, espèrent un peu plus d’équité et une meilleure répartition du fruit des efforts de tous, je conseille la lecture de ce petit livre de 150 pages. Il résume bien les succès et les échecs de ces combats dans le plus jeune de nos cantons suisses. Le plus jeune mais pas le plus petit. Il compte 74’548 habitants alors que Glaris n’en compte que 42’056, les deux Appenzell 73’080. Obwald 39’972 et Unterwald 45’016. Très vite, le PSJ a manifesté une certaine influence sous la Coupole fédérale par l’envoi de personnalités solides dont l’activité fait l’objet d’un rappel presque exhaustif. En 2022, il a touché le graal avec l’élection de la première conseillère fédérale jurassienne en la personne d’Elisabeth Baume-Schneider.
Le livre ne se termine pas sans évoquer aussi les sujets qui fâchent. Le chapitre de conclusion s’intitule : « L’avenir nous appartient, sans tabous ». Nous y lisons que le PSJ ne s’est pas complètement fondu dans le conservatisme helvétique, qu’il doit s’investir beaucoup plus au niveau communal, que perdre ses ouvriers ce n’est pas seulement perdre des voix, mais c’est perdre son âme, qu’il doit revenir aux fondamentaux: salaires, santé, temps de travail, égalité, services publics, environnement, collaboration avec les syndicats et les associations écologiques, culturelles, AVIVO, ASLOCA, FRC, qu’il doit de temps à autre « allumer des brindilles de socialisme », mais aussi surmonter le malaise provoqué par les prises de position collégiales de sa conseillère fédérale. Cela n’est pas sans rappeler l’analyse de Jean-Claude Rennwald qui dénonce le passage des prolos aux bobos dans une autre publication.
Mon seul regret est toujours le même. Dans tous les travaux historiques ou d’analyse de la gauche, il manque la dénonciation de l’accaparement de la richesse. Elle est produite par tous ceux qui permettent depuis de nombreuses années une augmentation constante du PIB. Des chiffres existent. Ils sont énormes. Il est aussi vrai que les lecteurs ont de la peine à se représenter le volume de ces milliards volés.
Pierre Aguet