Dès ma première conversation avec syndicom, je me suis sentie chez moi. À l’époque, je passais par une phase difficile : peu d’argent, la fermeture du centre de tri postale de St-Gall, un divorce et deux enfants en formation. Mais j’ai tenu bon. Abandonner n’était pas une option.

Oui, je suis une personne politique. Et oui, je suis toujours en quête de justice. Vingt ans plus tard, j’y suis toujours. Je fais partie de la commission des femmes depuis 15 ans, je la préside depuis huit ans et j’ai été réélue en février pour quatre ans. Je siège également depuis dix ans au comité central. Ce travail est incroyablement passionnant : le lien direct avec le Palais fédéral, avoir son mot à dire.

« Le syndicat a une voix : il est fort. »

Je travaille à La Poste depuis 30 ans, dont 20 en tant que cheffe d’équipe. J’ai dirigé 1400 personnes au cours de toutes ces années. J’ai travaillé huit ans dans l’équipe de nuit, 42 femmes m’étaient subordonnées. C’était très dur. Les enfants le jour, le travail la nuit. Mais j’ai aimé ce stress. Il y avait beaucout de collaborateur-trices temporaires, un va-et-vient incessant, 60 nationalités différentes. Un véritable défi. Un plaisir fou à collaborer avec toutes ces personnes. Et de les soutenir. Je n’ai jamais été une cheffe d’équipe sévère, mais j’ai toujours été correcte. Chacun-e connaissait les limites et pouvait toujours venir voir Ingrid. J’étais là pour tout le monde. Une personne de confiance.

Je me suis engagée depuis toujours pour les femmes. En 2027 aura lieu une nouvelle grande grève féministe et j’y serai en première ligne. La commission des femmes est l’endroit où je me sens à ma place chez syndicom. J’espère que les progrès en matière d’égalité vont se poursuivre. La prise de conscience grandissante des femmes est la plus belle chose que j’ai pu observer au cours de ces années.

« Mais pour moi, l’égalité ne se résume pas à un quota de femmes. »

Non, l’égalité doit être la même pour toutes et tous. Égalité salariale, Égalite des droits. Et pour un poste, ce sont les meilleures qualifications doivent compter.

Femme, homme, intersexe, non-binaire, transgenre, agenre – cela n’a rien à voir avec les compétences. Ce que je souhaite, c’est la justice. Au sein de la commission des femmes, nous sommes en train de modifier les statuts et d’ouvrir le groupe aux personnes INTA. Une étape très discutée, mais importante pour un syndicat moderne. Nous sommes solidaires et formons un tout.

« Les luttes resteront des luttes. »

Si, au début, il s’agissait surtout de négociations salariales et de conclure une CCT, aujourd’hui le harcèlement moral ou les agressions sexuelles sont des thèmes qui nous préoccupent. Ces problèmes sont encore beaucoup trop passés sous silence. Et oui, les femmes doivent encore plus faire leurs preuves que les hommes pour obtenir et garder le même emploi.

L’âge aussi est un frein plus important pour les femmes que pour les hommes dans le monde du travail. Les femmes proches de la retraite sont mises plus rapidement à l’écart. Dans un mois, j’aurai soixante ans. Après la législature actuelle en tant que présidente de la commission des femmes, je rejoindrai la commission des retraité-es. Il y a là fort à faire aussi.

Je resterai engagée, même après ma retraite. Je ne peux pas faire autrement. C’est une nouvelle lutte qui m’attend. Et je m’en réjouis !

Biographie de Ingrid Kaufmann

Ingrid Kaufmann a grandi en Tchécoslovaquie, suivi une formation de dessinatrice et étudié ensuite l’architecture à Prague. À 27 ans, elle arrive en Suisse avec son mari et ses deux enfants.

Les débuts de son activité professionnelle sont difficles : elle ne maîtrisait pas encore l’allemand et ses études en Tchécoslovaquie n’étaient pas reconnues en Suisse. Avec deux enfants en bas âge, elle s’est alors concentrée sur l’apprentissage de l’allemand et s’est mise à la recherche d’emplois en parallèle. Elle a rejoint La Poste à St-Gall, où elle a travaillé au tri du centre courrier. Dix ans plus tard, ce site fermait. Ingrid a pu se perfectionner grâce au programme de réorganisation de La Poste et est finalement devenue cheffe d’équipe au centre de tri de Mülligen, où elle travaille encore à ce jour depuis 20 ans.

Depuis toutes ces années, elle est membre de syndicom, siège au comité central et préside depuis 8 ans la commission des femmes.

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