Une chanson (voir la vidéo sur instagram) dénonçant les réformes de Roberto Cirillo a résonné fort devant le Parlement jurassien à Delémont le 19 février dernier (lire le communiqué de presse).

La manifestation a été mise sur pied par le comité de la section Arc jurassien. Ses membres ont tracté en masse ces dernières semaines et mobilisé les médias et les collègues au-delà des frontières cantonales. Quelques 150 militant-es et sympathisant-es ont accueilli les député-es et montré leur désarroi devant le futur où le service public se fait toujours plus numérique.

Delémont le 19 février 2025. Manifestation contre la fermeture des offices de postes, syndicom. Photo Jonas Lüthi

Service public en péril

Nicolas Maître, député socialiste, déplore le recul du service public dans les communes concernées. Pour cet ancien facteur du Clos du Doubs, également ancien membre du comité de la section jurassienne, la fermeture de l’office de Saint-Ursanne condamnera sa région à l’isolement. Pour rappel, les bureaux de Porrentruy 2, de Courgenay et de Saint-Ursanne, de Courtételle, Delémont 2 Ville, Glovelier, Lajoux et Les Breuleux, sont voués à disparaître. Le canton du Jura compte cinquante communes. Bientôt, seulement neuf d’entre elles, dix en comptant Moutier qui sera jurassienne en 2026, auront un vrai office.

« C’est la manifestation de la dernière chance. Je n’attends pas de miracle, mais nous devons au minimum nous défendre et nous faire entendre. »

« Il faut arrêter ce démantèlement programmé du service public ! » Jean-François Donzé, secrétaire régional, a appelé à un « gel sur ces fermetures » et encouragé les communes à faire recours auprès de Postcom. Cela retarderait le projet de La Poste « d’une année et demie à deux ans, voire trois ans. »

Toute la population concernée

Les personnes présentes témoignent d’une peur d’un avenir où plus aucun service de proximité n’existera. Les paroles à l’humour bien senti ont d’ailleurs été soufflées par un sympathisant engagé. « Il faut être timbrés », déplore une dame qui brandit une pancarte où des voitures font la queue devant le seul bureau de poste restant. Une commerçante de la place témoigne de son utilisation quotidienne de la poste pour déposer sa caisse, faire de la monnaie et envoyer et recevoir de la marchandise. Un membre de l’association qui lutte pour une vieille ville de Delémont vivante déplore la désertion du service public :

« Nous avons déjà perdu notre banque, certains commerces et restaurants. La fermeture du bureau de poste porte atteinte à une économie de proximité, au service de toute la population. Celles et ceux qui ne voudront ou ne pourront pas effectuer les deux kilomètres jusqu’au bureau près de la gare effectueront tout en ligne. C’est déplorable pour le lien social ! »

Politique cantonale peu active

L’objectif de la mobilisation : montrer l’inquiétude des employé-es, des syndicats, de la population jurassienne et réclamer une intervention des autorités. Nicolas Maître a interpellé ses collègues lors de la session du jour.

« Le gouvernement doit être associé aux réflexions de La Poste en ce qui concerne les futurs emplois qu’elle promet dans les services numériques. J’aimerais savoir si le gouvernement a été approché et s’il a obtenu les garanties quant à l’emploi dans notre canton. »

Dans sa réponse, le ministre en charge du dossier David Eray a surtout dit compter sur une intervention pendante devant les Chambres fédérales qui doit permettre de connaître la ligne de La Poste pour la suite de ces réorganisations. La possibilité d’action du canton reste limitée selon lui. « Le gouvernement est préoccupé par la situation, il est un appui aux communes […] Le canton n’est là qu’en cas de recours auprès de la commission fédérale de La Poste », a-t-il affirmé.

Réponse décevante à situation décevante. Jean-François Donzé encourage les collègues et militant-es à répliquer cette action dans tout le pays.

« Camarades, le combat continue, mobilisez-vous ! »

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