Daniel und Remo Wämpfler © Pia Neuenschwander

Tout n’a pas évolué pour le mieux ces dernières années : « Ce qui nous donne bien du fil à retordre depuis un certain temps, c’est le manque croissant de personnel. Cette situation conduit inévitablement à regrouper les tournées de distribution », commence Daniel Wampfler.

Lorsque des tournées sont regroupées, cela signifie que le travail d’un collaborateur absent est réparti entre les autres. Cela prolonge les journées de travail, entraîne des erreurs dans la distribution et provoque des situations dangereuses sur la route, de par la pression des délais et la fatigue. Le système de planification d’itinéraire, qui ne peut malheureusement pas être débranché, cause, lui aussi, beaucoup de stress.

Plus jeune, Remo accompagnait parfois son papa dans ses tournées. Quand est venu le temps de chercher une place d’apprentissage, le métier de logisticien s’est imposé comme une évidence. Il ne le regrette pas. Si son avenir professionnel reste ouvert, être facteur et livreur de colis lui convient parfaitement pour le moment.

Le taux de rotation élevé, en particulier chez les jeunes collaborateur-trices, est un problème à La Poste. Remo explique : « Après mon école de recrue de 18 semaines, j’ai été surpris de voir qu’un tiers de l’équipe avait changé en si peu de temps. » Le père et le fils souhaitent que La Poste redevienne plus attrayante pour les jeunes. Aujourd’hui, beaucoup quittent La Poste après leur apprentissage. La charge physique est élevée et en démotive beaucoup. Les bas salaires pratiqués à l’engagement et le peu de perspectives salariales n’encouragent pas non plus à rester.

Engagement pragmatique pour le syndicat

L’engagement syndical est une tradition dans la famille Wampfler : Daniel a récemment fêté ses 25 ans d’adhésion. Il siège dans plusieurs commissions et est président de section. Daniel et Remo sont des recruteurs actifs au sein de l’entreprise et parrainent régulièrement de nouveaux membres.

Pour tous deux, expliquer les atouts et les avantages du syndicat aux nouvelles et nouveaux collègues va de soi. Pour les jeunes employé-es qui ne savent pas comment fonctionne une convention collective de travail ou qui n’ont pas encore pensé à leur prévoyance vieillesse, il est utile de savoir que le syndicat est un interlocuteur de valeur, pour répondre à toutes ces questions complexes et soutenir dans différents domaines de la vie professionnelle.

L’assistance juridique et les cours de formation continue que tous et toutes les employé-es de La Poste, syndiqué-es ou non, peuvent suivre sur leur temps de travail, sont également de bons arguments en faveur d’une adhésion à syndicom. « Mais l’initiative doit venir de la personne. Sinon ça ne sert à rien. »

Être syndicaliste ? Qu’ils aient un mégaphone, qu’ils défilent en tête de cortège le 1er mai à brandir un drapeau ou à siffler, ou qu’ils travaillent en coulisse pour convaincre les collègues de s’affilier : il n’y a pas de mode d’emploi pour militer, à part de mêler pragmatisme et idéalisme. L’essentiel, c’est de reconnaître que les conditions de travail à long terme ne peuvent être améliorées qu’ensemble et pas seul-e.

S’ils étaient un jour patrons de La Poste

À la question de savoir ce qu’ils changeraient s’ils étaient à la tête de La Poste pendant une journée, les réponses divergent. Remo commencerait par augmenter son salaire et celui de ses collègues. Son père Daniel introduirait une nouvelle culture de l’erreur au sein de la direction : ces dernières années, de nombreux projets coûteux ont été mis en place, qui ont surtout entraîné une charge de travail supplémentaire et du stress pour le personnel. Mais personne n’a voulu en assumer la responsabilité.

Malgré les critiques justifiées, tous deux apprécient les nombreux aspects positifs de leur travail. La diversité des tâches, les déplacements et les contacts humains qui en découlent leur plaisent par-dessus tout. Ils souhaitent toutefois que la direction leur témoigne davantage de reconnaissance en améliorant leurs conditions de travail. Tous deux sont conscients que les nouvelles technologies et l’évolution des habitudes de communication remettent en question le modèle commercial traditionnel de La Poste. D’un côté, le volume du courrier diminue, de l’autre, le secteur des colis est en plein essor. Ils voient d’un œil positif les nouveaux services tels que la livraison de produits alimentaires.

Leur vœu : que La Poste, entre numérisation et service personnalisé, entre efficacité et satisfaction du personnel, continue de tenir son rôle important pour le service public en Suisse.

Biographie de Daniel et Remo Wampfler

Après avoir suivi une formation de scieur et de charpentier, Daniel Wampfler a rejoint la Poste il y a pas moins de 37 ans. Il a occupé différents postes à Burgdorf, où il est aujourd’hui facteur. Il apprécie la polyvalence de son métier, le fait d’être en déplacement et ne manque pas d’anecdotes à raconter.

Remo a 20 ans. Il y a fait son apprentissage à La Poste, en tant que logisticien, et y travaille aujourd’hui en tant que distributeur de lettres et de colis. Il suit les pas de son papa et encourage ses collègues à adhérer au syndicat. Dans son temps libre, il s’entraîne au fitness et aime jouer au basketball.

Ils vivent tous deux à Lützelflüh, dans l’Emmental (BE).

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