Cette année, l’USS demande des hausses salariales de 2 à 2,5 %. N’est-ce pas trop, dans le contexte économique actuel ?

Non. Les salaires, dans certaines de nos branches, stagnent depuis des années. La productivité a augmenté, les prix aussi, et il est temps que les travailleur-euses puissent obtenir une juste part du rattrapage.

Mais l’inflation officielle n’est que de 0,1 %. Pourquoi demander autant ?

Parce qu’il s’agit de la différence annuelle qui ne prend pas en compte le rattrapage. Les primes d’assurance-maladie augmentent de 5 % et pèsent lourdement sur le budget des ménages. En moyenne, une famille avec deux adultes et deux enfants paye 1136 francs de primes par mois, une somme qui devrait encore augmenter, a rappelé l’USS. Les loyers grèvent eux aussi le budget des ménages.

Pourtant, les entreprises affirment que la situation mondiale – guerres, matières premières, droits de douane américains – rend les augmentations impossibles.

La réalité, c’est que 99 % des emplois en Suisse ne sont pas touchés par les droits de douane. Quelques milliers de travailleur-euses sont concernés. Pour eux, nous avons demandé à prolonger les RHT le Kurzarbeit à 24 mois. On ne peut pas utiliser la crise internationale comme excuse pour bloquer les salaires.

Vous dites que la productivité a progressé. Dans quelle mesure ?

En moyenne de 1 % par an entre 2014 et 2024, selon les estimations de l’USS. Mis bout à bout, cela fait 11%, une somme dont les travailleur-euses n’ont que trop partiellement profité. Les salaires réels ont stagné. Le pouvoir d’achat des travailleur-euses, dans certains domaines, n’est guère plus élevé qu’en 2015, voire inférieur. Les économistes de l’USS calculent au moins 2 % d’augmentation des salaires pour combler ce retard. Das certains secteurs tels que ceux des banques et des transports, l’USS demande même une augmentation de 3%.

Au-delà de l’inflation, il y a l’augmentation des primes des caisses maladie. Quelle solution, donc ?

Une possible solution est une contribution des employeurs, pour compenser la hausse des primes, qui ont explosé depuis 1997 : +158 %, alors que les salaires n’ont en moyenne augmenté que de 12 %.

Donc la santé est aussi une question salariale ?

Absolument. Beaucoup de problèmes de santé sont liés au travail : 12 % des personnes entre 15 et 74 ans souffrent de maladies professionnelles. Les travailleur-euses ne doivent pas en porter seuls le coût.

Et concernant les salaires minimums, quelle est la position des syndicats ?

Personne ne devrait gagner moins de 4500 francs par mois. Et avec une formation, pas en dessous de 5000 francs. Ce sont des salaires réels pour vivre en suisse sans la contribution de l’Etat

Pourquoi ?

Parce qu’un tiers des travailleur-euses avec une formation professionnelle supérieure gagnent encore moins de 5000 francs. Et ce ne sont pas seulement des jeunes : même juste avant la retraite, près d’un sur cinq est sous ce seuil. C’est inacceptable ! Il est particulièrement important d’augmenter le salaire des femmes et dans les branches à bas salaire.

Les employeurs diront qu’ils n’ont pas de marge…

En Suisse, la prospérité existe, mais elle est mal répartie. Que toutes celles et tous ceux qui travaillent à la création de richesse doivent pouvoir avoir un salaire qui leur permette de vivre.

Dans un autre ordre d’idées, des entreprises telles que La Poste et Swisscom doivent embaucher leur personnel exclusivement en Suisse et renoncer aux externalisations.

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