Artikel

Croissance sans emploi

En 2013, le produit intérieur brut de la Suisse va croître de 1,5 %, puis encore de 2 % en 2014. Si, si ! Comme tous les trois mois, les oracles de l’économie ont parlé en mars, pour dire notre avenir. Un exercice hasardeux, puisque les cycles économiques raccourcissent et les prévisions en deviennent toujours plus aléatoires. Même le directeur de la Chambre de commerce de Genève constate « à quel point les prévisions sont devenues impossibles à formuler sur le long terme et très difficiles sur le moyen terme ; en conséquence, nombre d’entreprises sont condamnées à ne planifier qu’à court terme ». C’est-à-dire à ne rien planifier vraiment !

Ce qui n’empêche pas les docteurs ès économie de livrer leurs pronostics. Ils prévoient donc une « accélération de la croissance », mais pensent également que « la hausse de l’emploi marquera vraisemblablement le pas en 2013 et 2014 » tandis que le chômage « poursuivra le mouvement de hausse observé depuis l’été 2012 » pour se stabiliser ensuite. De son côté, le Secrétariat d’Etat à l’économie budgétise un surcroît de 18 500 chômeurs pour 2013, soit une hausse de 15 %. L’avenir est ainsi fait de croissance sans plus d’emplois.

L’équation s’écrit alors « + de richesses » et « + de chômeurs » pour un nombre total d’emplois quasi stable ou en légère augmentation. L’inconnue pouvant équilibrer cette algèbre a priori bancale n’est autre que « l’immi­gra­tion haut de gamme générée par la libre circulation des personnes », selon la Chambre de commerce genevoise.

On peut traduire ces prévisions économiques ainsi en termes humains et syndicaux :

Des entreprises vont améliorer leur productivité et leur profitabilité tout en laissant sur le bord du chemin quelques milliers de salariés. Si besoin, ils iront recruter en Europe de nouveaux travailleurs migrants suffisamment bien formés pour produire une haute valeur ajoutée. Ces employeurs n’auront ainsi pas à investir dans la formation continue ou la reconversion professionnelle de leurs ex-employés aux connaissances jugées obsolètes. Allant grossir les rangs des chômeurs, ceux-ci seront alors mis en compétition avec d’autres demandeurs d’emploi. L’effectif de main-d’œuvre obligée de se recaser s’accroîtra donc pour briguer un nombre de places disponibles notoirement insuffisant à satisfaire tout le monde, laissant le choix final de l’embauche aux entreprises, aux salaires qu’elles auront fixés.

Dans cette économie bâtie sur la concurrence de chacun contre tous – des mieux formés contre les moins formés, des femmes contre les hommes, des jeunes contre les anciens, des étrangers contre les Suisses, des migrants contre les résidents – le travailleur passe toujours aux pertes et profits s’il n’est pas le facteur de production le plus performant et docile du moment.

La croissance sans emploi, c’est l’économie sans l’humanité, uniquement pour elle-même. C’est une jungle inutile au monde…

Informiert bleiben

Persönlich, rasch und direkt

Du willst wissen, wofür wir uns engagieren? Nimm Kontakt zu uns auf! Bei persönlichen Anliegen helfen dir unsere Regionalsektretär:innen gern weiter.

syndicom in deiner Nähe

In den Regionalsekretariaten findest du kompetente Beratung & Unterstützung

Jetzt Mitglied werden