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Défendre les militants sur les lieux de travail !

Militant syndical chez Edipresse Suisse (devenu Tamedia) et membre du conseil de fondation de la caisse de pension, Hans Oppliger se bat pour faire constater devant la justice la nullité de son licenciement survenu lors de la restructuration de l’imprimerie de Bussigny fin 2009. Le Tribunal de Montbenon, à Lausanne, vient d’entendre les témoins.

 

« Je suis prêt à retrouver ma place de travail et mon mandat à la caisse de prévoyance de l’entreprise. Et tout de suite ! » Jeudi dernier, à la sortie du tribunal de Montbenon à Lausanne, le syndicaliste Hans Oppliger affichait à nouveau sa détermination à remporter le procès l’oppo­sant à l’entreprise Edipresse, rachetée par Tamedia.

Ce jour-là s’était tenu la deuxième séance d’auditions de témoins, interrogés sur les événements survenus en automne 2009 et les mois qui ont suivi, lors de la restructuration d’Edipresse et de la centaine de licenciements prononcés non seulement au Centre d’impression de Bussigny où travaillait l’imprimeur Hans Oppliger, mais également dans les rédactions et le prépresse à Lausanne. Une première audience avait déjà eu lieu la semaine précédente. En tout, onze témoins se sont présentés devant la juge de la Chambre patrimoniale du canton de Vaud. Des auditions attendues depuis plus d’un an et demi, la première séance au tribunal s’étant déroulée en mai 2013 !

Nullité demandée

L’audition des témoins a permis de préciser certains faits et de dresser le portrait d’un syndicaliste entièrement dévoué à la défense des conditions de travail et des retraites de ses collègues. Imprimeur­, Hans Oppliger était engagé au sein du syndicat comedia, devenu syndicom, depuis des lustres. Il a été membre de la commission du personnel et du conseil de fondation de la caisse de retraite à l’imprimerie Edipresse à Vernier, avant le transfert de ses activités à Bussigny en 2006. Là, Hans Oppliger ne gardera que son mandat à la caisse de pension. Lors de la restructuration de 2009-2010, Hans Oppliger se retrouve dans la charrette des licenciements, avec d’autres représentants du personnel. Protégé par un article du Contrat collectif de travail (CCT) prévoyant une procédure spécifique en cas de licenciement d’un représentant élu des travailleurs, Hans Oppliger l’a contesté et a saisi la justice.

Défendu par les avocats Me Christian Bruchez et Me Romolo Molo, il demande la nullité de son congé, la procédure de l’article 306 du CCT n’ayant pas été respectée. « Cette procédure ne vise pas à obtenir un délai de congé d’un ou deux mois supplémentaires, mais bien à trouver une alternative au licenciement de ces délégués du personnel et à protéger leur mandat », relève Bernard Remion, ancien responsable de la branche à syndicom, entendu lui aussi comme témoin. Si la nullité du licenciement est accordée, l’imprimeur pourrait retourner à sa place de travail.

Rendre la mariée plus belle…

Pour Hans Oppliger, il ne fait aucun doute que son licenciement visait à faire taire une voix se battant au sein du conseil de fondation de la caisse de pension contre une baisse du taux de conversion favorable à l’employeur, baisse entrée en vigueur par la suite. Convaincu que la restructuration aurait pu être évitée, il estime aussi que le licenciement collectif avait pour but « de rendre la mariée plus belle » en perspective de l’achat d’Edipresse au prix fort par Tamedia.

Un lien contesté par l’employeur. Ce dernier était représenté par l’avocat Me Eric Cerottini et une conseillère juridique de Tamedia. L’ancien directeur du centre d’impression d’Edipresse, appelé à la barre, a défendu cette absence de lien. Par contre il n’a pas pu donner de précisions sur l’entretien qu’il a eu avec Hans Oppliger en avril 2010, lors duquel il lui a notifié son congé. Comme l’ancienne responsable des ressources humaines, il ne s’en souvient plus.

Imprimeur engagé

L’avocat de l’employeur souhaitait aussi nier le rôle actif de Hans Oppliger dans l’entreprise et son appartenance au syndicat. Une tâche rendue compliquée après le témoignage de plusieurs collègues du militant. Parmi eux, un imprimeur a expliqué qu’en tant que représentant du personnel à la caisse de pension, Hans Oppliger informait régulièrement les travailleurs de ce qui s’y passait. « Nous nous sommes aussi beaucoup tournés vers lui lors de la restructuration, même s’il y avait la commission. » Il s’est toujours opposé aux licenciements. Et nous avait averti : « C’est dur pour ceux qui vont partir, mais c’est dur aussi pour ceux qui vont rester. Et c’est la réalité, le travail est intensif ! »

Un supérieur du syndicaliste a rappelé que Hans Oppliger s’impliquait non seulement beaucoup au niveau syndical mais aussi au niveau professionnel. Il a ajouté que c’est quelqu’un allant jusqu’au bout dans ce qu’il faisait et disant ce qu’il avait à dire « de manière toujours courtoise et en respectant les règles ».

Une protection nécessaire

A l’issue de ces deux journées d’auditions, le tribunal sera à nouveau convoqué, si possible encore en 2015, pour entendre les plaidoiries des avocats. Et même si le temps s’écoule depuis son licenciement, Hans Oppliger ne désespère pas que justice soit rendue. Car pour lui, l’enjeu du procès est important, c’est le droit d’être un militant syndical actif sur son lieu de travail : « Il faut régler la question de la protection des personnes de confiance dans les entreprises, sinon les syndicats n’ont pas d’avenir. Il n’est pas nécessaire de le faire avec une initiative populaire, mais en dénonçant systématiquement les employeurs licenciant des syndicalistes. »

L’Evénement syndical

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