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« L’initiative est nécessaire »

Heureusement, c’est le peuple qui aura le dernier mot sur l’initiative sur les salaires minimaux. Et pas le Conseil fédéral. Daniel Lampart *

Le Conseil fédéral dit Non à l’initiative sur les salaires minimaux de l’USS. Un Non catégorique – sans contre-projet. L’initiative exige un salaire horaire minimal de 22 francs. Ce qui correspond à un salaire mensuel de quelque 4000 francs pour un poste à plein temps. Par son Non, le gouvernement est à côté de la plaque. Loin des problèmes quotidiens des tra­vailleurs en Suisse. Faut-il donc que le peuple soit de nouveau trompé – comme il l’a déjà été par le conseiller fédéral Merz lors du vote sur la réforme de l’imposition des entreprises II ?

Fausses assertions

En Suisse, près de 430 000 femmes et hommes gagnent moins de 4000 francs si l’on convertit leur salaire à 100 %. Or quiconque est obligé de joindre les deux bouts avec moins de 4000 francs par mois doit se limiter et, souvent, avoir recours au soutien de tiers ou de l’aide sociale.

Sur ces 430 000 personnes, près de 140 000 ont un certificat fédéral de capacité en poche. Un jour il avait été question qu’en Suisse, les personnes au bénéfice d’un CFC gagnent assez pour pouvoir subvenir aux besoins d’une famille.

Or de nombreux employeurs, dans le commerce de détail et ailleurs, ne tiennent pas compte de ce principe. Dès lors, comment motiver des jeunes à faire un apprentissage ?

Le Conseil fédéral prétend que le partenariat social « fonctionne parfaitement » en Suisse. Ce n’est pas seulement faux, mais cynique. De nombreux employeurs refusent de négocier des conventions collectives de travail (CCT) avec les syndicats. Le président de l’Union suisse des marchands de chaussures, Dieter Spiess, taxe même une CCT de « dérapage ». Dans sa branche, les vendeuses sont nombreuses à gagner moins de 4000 francs. Moult branches (call center, instituts de cosmétique, centres fitness) n’ont même pas d’unions patronales avec lesquelles conclure une CCT. Il s’agit de branches en expansion, avec de bas salaires.

Le dernier mot

En vérité, la Suisse ne peut pas se targuer d’avoir un bon partenariat social : seulement la moitié des salariés sont couverts par une CCT. Nous pouvons toujours rêver des relations de partenariat social en Autriche (99 % avec CCT), Belgique (96 %) et Suède (91 %). Notre initiative sur les salaires minimaux bénéficie d’un grand soutien dans la population car elle est nécessaire. Heureusement, c’est le peuple qui aura le dernier mot et pas le Conseil fédéral !

* Daniel Lampart est éco­no­miste en chef de l’Union syndicale suisse (USS).

Ce commentaire a d’abord paru dans le journal syndical work, le 18 janvier 2013.

Dans les cantons et les Autres pays

Des initiatives sur le salaire minimum ont été soumises au vote dans divers cantons romands, avec des fortunes diverses.

VD – Le 15 mai 2011, le salaire minimal avait été refusé de peu. C’est en effet par 51,11 % de Non que les Vaudois ont refusé d’inscrire ce droit dans leur constitution, soit un écart de 3326 voix.

GE et NE – Le 28 novembre 2011, les citoyens du canton de Genève ont refusé l’introduction d’un salaire minimum dans leur constitution cantonale par 54,2 % des voix, mais ceux de Neuchâtel l’ont accepté par 54,64 % de oui.

VS - Sans surprise, le Grand Conseil valaisan a rejeté très nettement, le 13 décembre 2012 par 98 voix contre 23, l’initiative pour un salaire minimum de 3500 francs. L’objet, au texte similaire à Genève et Vaud, porté par la gauche et les syndicats, sera soumis au peuple.

CH - Le 22 janvier 2012, l’initiative de l’USS aboutissait avec 111 000 signatures.

Dans les autres pays - Les deux tiers des pays de l’UE connaissent un salaire minimum légal. C’est notamment le cas de la France, de la Grande-Bretagne, de la Belgi­que­, des Pays-Bas et de l’Espagne­. D’autres, comme l’Allemagne et l’Italie, ont des minima variables selon les secteurs d’activité. (YS)

JURA : ON VOTE LE 3 MARS SUR LE SALAIRE MINIMUM

Le sort du salaire minimum dans le Jura sera connu le 3 mars, date de la votation sur l’initiative de la jeunesse socialiste et progressiste (JSPJ) « Un Jura aux salaires décents ». Le texte avait été déposé en 2009 avec 2090 signatures valables. Le gouvernement propose le rejet de cette initiative, qui veut créer une base légale pour instaurer un salaire minimum. Loïc Dobler, notre responsable de la Jeunesse à syndicom, est aussi responsable du comité d’initiative. Le canton du Jura était le premier à introduire la notion d’un salaire décent dans sa Constitution. Mais elle n’a jamais été concrétisée. La situation dans le Jura est pourtant précaire, selon la gauche, qui rappelle qu’avec ceux du Tessin, les salaires jurassiens sont les plus bas de Suisse. Et les mesures proposées par le gouvernement pour tenter d’y remédier sont loin de suffire. (YS)

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