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Tamedia tente l’hyper-profitabilité

Alors que la direction de Tamedia a tout d’abord annoncé un excellent résultat,elle envisage néanmoins des mesures d’économie de 34 millions.Pour augmenter encore sa profitabilité déjà remarquable. Suite à la protestationdes rédactions, des syndicats et des politiciens romands, syndicom et impressuminvitent à venir à l’assemblée générale de Tamedia, le 26 avril, pour exiger des dividendes réduits de moitié au lieu de mesures d’économie.

Le 21 mars au matin, Tamedia avait invité les journalistes à sa conférence de presse annuelle à Zurich pour leur présenter les excellents résultats de 2012 (voir notre dernière édition). L’entreprise des médias a engrangé un bénéfice net de 152 millions, presque autant qu’en 2011 – le meilleur résultat jamais atteint. C’est avec fierté que le président du conseil d’administration Pietro­ Supino et le directeur Christoph Tonini ont annoncé une marge bénéficiaire de 19,3 % (flirtant avec les 14 % après amortissement). Une marge bien supérieure à la moyenne de la branche médiatique touchée par la crise. Les spécialistes de la finance et les (potentiels) investisseurs ont ainsi été informés du « bon cru » 2012. La direction s’est ensuite

rendue en Suisse romande. Elle a réuni à Lausanne les rédacteurs en chef des titres romands dans une ambiance qualifiée d’« électrique » par la RTS. Les Messieurs de Zurich ont en effet transmis un tout autre message. Tamedia devra se serrer la ceinture et économiser 34 millions de francs. Dont la moitié, 17,8 millions, en Suisse romande seulement.

Des postes menacés

Si l’on traduit ces chiffres, cela correspond à une centaine de postes dans l’Arc lémanique. Pour la seule Tribune de Genève, la suppression de 30 postes a été évoquée. D’autres avançaient la suppression du Matin semaine. L’attaque est ressentie comme frontale à partir du moment où Tamedia semble mettre en danger la qualité même de ses titres, déjà produits en sous-effectif. « Nous ne voulons fermer aucun journal », a démenti Supino dans ses médias. Alors que Tamedia a laissé entendre qu’il voulait une marge – après ou avant amortissement, le doute subsiste – de 15 % pour l’ensem­ble du groupe, Supino fait mine de reculer : « Cette marge de 15 % n’est pas un dogme, elle peut subir des fluctuations, mais c’est un but à long terme ». Christoph Tonini­ parle, lui, de « communication défaillante ».

Protestation
en Suisse romande…

Le président du conseil d’administration Pietro Supino et ses acolytes n’avaient toutefois pas compté avec la réaction de leurs « valets » suisses romands. Au lieu d’avaler sans protester la mauvaise nouvelle, les rédacteurs en chef romands ont exprimé leur inquiétude et demandé des explications dans une lettre adressée à la direction. Lors de l’émission Forum du 25 mars, la RTS a médiatisé cette fronde. Même si Tamedia a cherché à calmer le jeu et fait entendre que les mesures d’économie seraient réparties sur les trois prochaines années, l’indignation a persisté. Le 27 mars, les rédactions de la Tribune de Genève sont descendues dans la rue à Genève. A Lausanne, 24 heures, Le Matin et Le Matin dimanche, Femina, encore !, Tele Top Matin et lematin.ch ont appelé à protester devant le bâtiment d’Edipresse et à la gare. Près de 200 journalistes ont suivi cet appel à Lausanne – et une centaine à Genève.

La classe politique s’est également mobilisée, et en particulier les conseils d’Etat valdo-­genevois. Même les partis libéraux et bourgeois ont manifesté leur incompréhension face aux gains démesurés de Tamedia. « Nous demanderons des explications sur la marge bénéficiaire de 15 %, pourquoi 15 % ? C’est quelque chose qui me choque », a affirmé à l’ATS le conseiller d’Etat vaudois Pascal Broulis (PRD). Le magistrat a laissé entendre que les élus pourraient faire comprendre à Tamedia que « 15 % n’est pas un taux crédible de rentabilité ».

Et le président du Conseil d’Etat Charles Beer (PS) a promis de s’engager pour la diversité de la presse menacée. « Cette réorganisation peut avoir un impact sur le nombre de médias, donc sur l’impor­tance du débat démocratique et son suivi qui est garanti par la diversité des médias », a indiqué le socialiste au Temps.

… et en Suisse alémanique

La protestation en Suisse romande a aussi réveillé les rédactions de Zurich et Berne. Personne ne peut s’imaginer des économies supplémentaires après celles des mois et années précédents. Dans les rédactions suisses alémaniques aussi, les effectifs ont déjà été drastiquement réduits depuis longtemps. Et de nombreux collègues expérimentés ont été mis à la retraite anticipée pour être remplacés par de la main-d’œuvre plus jeune – meilleur marché – qui doit encore développer son réseau et son savoir.

Les commissions des rédactions du Tages-Anzeiger, Der Bund et de la Berner Zeitung ont écrit de leur côté des lettres de protestation virulentes aux pontes alémaniques et romands de Tamedia. La répétition des coupes année après année laisse croire qu’il s’agit d’un phénomène naturel et donc inévitable, a indiqué la commission du personnel du Tages-Anzeiger. Au lieu de soutenir et d’investir dans la presse écrite, Tamedia la fragilise en rendant l’information gratuite et en réduisant le budget et le personnel depuis des années. « Avec la résiliation de la CCT en Suisse romande à fin 2013, les conditions de travail risquent de se détériorer encore davantage. »

Le moment est venu d’aller chercher des réponses. Comme de nombreux salarié·e·s du Tages-Anzeiger sont devenus actionnaires lors de l’entrée de Tamedia en Bourse, ils pourront exercer leur droit de parole à l’assemblée générale du 26 avril. Et ils pourront soutenir les nombreux collègues des imprimeries et d’autres rédactions par leur présence.

Invitation à l’AG de Tamedia

Le calcul est simple : les actionnaires de Tamedia reçoivent 47,7 millions de dividendes pour l’année d’exploitation 2012. Dont 35 millions qui vont aux familles propriétaires qui détiennent environ trois quarts des actions. Chaque action rapporte 4,50 francs en 2012.

Selon l’ordre de marche Tamedia, les rédactions et les imprimeries doivent économiser 34 millions ces trois prochaines années. Or si les actionnaires renonçaient à 2,25 francs par action, il serait déjà possible de mettre 24 millions de francs de côté pour la garantie de la qualité de l’information et des places de travail. Les bénéfices pourraient même être investis pour améliorer la situation.

Des dividendes réduits de moitié au lieu de mesures d’économiE !
Jeudi 26 avril, dès 13 h devant la Kongresshaus, Claridenstrasse­ 5, Zurich

La diversité de la presse nous concerne toutes et tous. syndicom et impressum appellent les salarié·e·s de Tamedia de toute la Suisse et les personnes intéressées à soutenir notre revendication par une action commune avant l’assemblée générale de Tamedia.

syndicom et impressum prennent à leur charge les frais de transport pour leurs membres ainsi que ceux pour les places assises réservées dans le train pour Zurich. Nous vous prions de vous inscrire auprès des personnes suivantes :

Genève (départ : 10 h 15) / Lausanne (départ : 10 h 50) : Dominique.Diserens@impressum.ch / Patricia.Alcaraz@syndicom.ch

Berne (départ : 12 h 02) : Nicole.Weber@impressum.ch / Beatrice.Mueller@syndicom.ch

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