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Une CCT et des salaires plus élevés

La guerre des prix fait rage dans les transports routiers. Une étude sur les salaires en montre les conséquences : des salaires de misère très répandus dans la branche, en dépit d’une durée du travail extrêmement longue. Seuls des salaires minimums obligatoires et une CCT de branche permettraient d’assainir la situation.

Près d’une personne sur dix occupée dans la branche du transport privé domestique (9 %) perçoit un salaire extrêmement bas. C’est ce que révèle une étude basée sur les derniers chiffres disponibles, ceux de 2008, et présentée le 9 novembre à Berne lors d’une conférence de presse. Son auteur est Roman Graf, collaborateur scientifique à l’Observatoire universitaire de l’emploi de l’Université de Genève. Cette main-d’œuvre gagne moins de 22 francs de l’heure et réalise ainsi, tout en travaillant 46 voire 48 heures par semaine, un salaire mensuel à peine supérieur à 4000 francs, voire inférieur. Les femmes (16,5 %) et le personnel rétribué à l’heure (18,6 %) sont particulièrement touchés.

Les entreprises plus sociales pénalisées

Fritz Gurtner, responsable du secteur Logistique de syndicom, a montré à partir de l’exemple de PostLogistics SA que les entreprises de transport offrant de meilleures conditions de travail sont toujours plus pénalisées dans cette branche faiblement réglementée. Il a rappelé que la concurrence se fait sur les salaires et les conditions de travail, ce qui entraîne des pressions salariales et une précarisation des emplois. D’où la solution préconisée par Gurt­ner : « il est important que les conditions d’engagement soient dûment réglées dans la branche des transports routiers privés. Car c’est l’unique façon de stopper la spirale à la baisse des conditions de salaire et d’engagement des chauffeuses et chauffeurs et des collaborateurs des entrepôts. »

parfois moins de 14.80 fr. de l’heure chez Gucci au tessin

Les chauffeurs ne souffrent pas que de l’augmentation du stress, de la pression des délais et des routes congestionnées. Leurs conditions de travail et salariales se sont elles aussi dégradées, a souligné Vania Alleva, membre du comité directeur d’Unia, responsable du secteur tertiaire. Elle a signalé que les salaires des chauffeuses et chauffeurs et du personnel logistique ont diminué depuis vingt ans. Elle a montré, à partir de l’exemple du groupe de luxe Gucci, qui exploite une centrale logistique au Tessin, que des salaires horaires de 16 francs voire moins sont courants, même parmi les leaders de la branche. « Comme les employeurs refusent de conclure une convention collective de travail (CCT), il faut les astreindre par la loi à verser un salaire minimum correct », a souligné Vania Alleva en se référant à l’initiative syndicale sur les salaires minimums, qui exige un salaire horaire d’au moins 22 francs.

Absence de protection conventionnelle

La situation déplorable qui règne dans la branche des transports et de la logistique tient à l’absence de protection conventionnelle ainsi que de salaires minimums obligatoires. Dans de nombreux cantons, notamment Berne, Bâle, Argovie, Saint-Gall et Fribourg, aucun salaire minimum n’est fixé pour les conducteurs de camion et ceux de voiture de livraison. « De plus, dans le cadre d’une harmonisation avec l’Union européenne, le nombre d’heures de travail hebdomadaire a augmenté de 46 à 48 heures, le plus souvent sans augmentation de salaire », relève Roland Schiesser, responsable de la branche transports du syndicat Unia. La branche des transports est la seule, durant la période 1993-2010, à avoir subi une baisse des salaires réels (– 1,9 %). En comparaison, le secteur des télécommunications a bénéficié d’une hausse de 13,9 %, et celui de l’hôtellerie-restauration de 7,5 %.

Unia exige par conséquent une convention nationale de branche. La CCT comprendrait la fixation d’un salaire minimum compris entre 4500 et 5600 francs par mois en fonction du métier exercé, à savoir chauffeur-livreur non qualifié pour le premier montant et conducteur poids lourds qualifié pour le second.

concurrence déloyale

Giorgio Tuti, président du SEV, a souligné enfin que la guerre des prix a de lourdes conséquences en matière de sécurité routière et que le trafic marchandises sur rail en souffre beaucoup. Tuti a notamment dénoncé la concurrence déloyale du secteur routier : « Nous devons faire en sorte que le trafic marchandises sur route atteigne dans tous les domaines le niveau du trafic marchandises sur rail : dans les salaires, la durée du travail, le respect des prescriptions techniques et en payant tous les coûts qu’il engendre, en faveur des employé·e·s et de la collectivité. »

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