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2e pilier en sursis

 

La réforme des retraites intitulée « Prévoyance vieillesse 2020 » vient de faire un premier tour au Conseil des États. Les sénateurs ont passablement modifié le projet du Conseil fédéral – et pas toujours en bien. Surtout, ils n’ont pas renoncé au cœur du programme, à savoir augmenter l’âge de la retraite des femmes, ce qui ouvrirait ensuite la porte au report de l’âge de départ jusqu’à 67 ans pour tous. Le système émanant des États est aussi plus cher que le projet initial du Conseil fédéral, lequel était déjà sensiblement plus cher que l’actuel, pour servir des prestations quasi équivalentes.

Mais au-delà du contenu de la révision, une information semblant anodine est ressortie des discussions sénatoriales. La pérennité du nouveau financement nous mènerait jusqu’en 2030 seulement, une future réforme devant ensuite prendre le relais. Or les retraites se planifient sur le (très) long terme, tout spécialement un système comme le 2e pilier où soixante ans peuvent s’écouler entre le paiement de la première cotisation et la perception de la dernière rente d’un individu.

Pour l’heure, ce système obligatoire n’a que 30 ans, soit la moitié de la « génération d’entrée », et il arrive déjà dans le mur…

Le taux d’intérêt minimum promis à l’origine de 4 % n’aura tenu que dix-sept ans. Depuis 2003, il dégringole, jusqu’à 1,25 % prévu pour l’année prochaine. Le taux de conversion permettant de transformer le capital de retraite en rente annuelle est aussi tombé des 7,2 % de départ à 6,8 %, avec le projet de le réduire à 6,0 %, soit une baisse programmée de 17 % des pensions.

Et les dix prochaines années ne s’annoncent pas roses. La précarisation de l’emploi et la stagnation des salaires, le chômage et la fermeture des frontières limiteront les recettes. En parallèle, les dépenses vont continuer à monter à mesure que les futurs pensionnés arriveront à la retraite et toucheront toujours davantage leurs pleins droits alors que les retraités actuels n’ont bénéficié que de rentes partielles. En 2025, lorsque le système aura bouclé son premier cycle de vie de quarante ans et qu’il prendra sa vitesse de croisière ; que l’effectif des sortants dépassera celui des nouveaux entrants ; que les dépenses de rentes excéderont les recettes de cotisations, les compteurs risquent de violemment s’affoler au point de précipiter la chute du système.

Il est donc grand temps pour la gauche nationale de cesser de défendre un 2e pilier qui prend l’eau de toute part. Au contraire, renforcer uniquement le système de l’AVS permettra de garantir des retraites dignes pour un prix abordable car seule cette assurance est indexée sur la hausse de productivité et la croissance des richesses.

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