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«Assurer la pérennité et la continuité de Payot»

Après de longs mois de suspense pour savoir quand et qui reprendrait le réseau de libraires romandes Payot, jusque-là détenu par Payot Naville Distribution SA (PND), à 65% en mains de Lagardère (médias et missiles) et à 35% de Tamedia, c’est son directeur général, Pascal Vandenberghe, qui reprend la société. Il s’est voulu rassurant en indiquant qu’il « fallait prendre ce risque pour assurer la pérennité et la continuité de l’entreprise ».

 

Le 17 juin dernier, Pascal Vandenberghe, directeur de Payot depuis 1994, a fait le show lors de la conférence de presse qui annonçait le retrait du groupe Lagardère à son profit. Pour les salarié-e-s, le fait que le groupe – 32% du marché romand du livre - soit entre les mains d’un homme de métier rassure. L’exemple récent de la chaîne Chapitre en France, en mains du fonds d'investissement américain Najafi Companies, qui s’est soldée par la mise en vente de ses 57 commerces, la suppression de 271 postes et la fermeture ou la cession de 12 librairies, montre les conséquences désastreuses en cas de reprise par un groupe financier.


Il demeure pourtant encore quelques zones d’ombre dans ce rachat. Pour financer cette transaction, dont le montant tournerait, selon 24Heures, autour des 15 millions de francs (le chiffre de 25 millions, surévalué aujourd’hui selon Vandenberghe, avait été évoqué par lui-même en 2012), la société Kairos Holding, dont le patron de Payot est le seul actionnaire, a pu bénéficier d’un prêt sur le très long terme à un taux modeste. L’héritière de la dynastie Hoffmann, Vera Michalski, très active dans la culture et l’édition, serait celle qui a permis cette reprise dans des conditions qui n’obligent pas à pressuriser les employé-e-s pour arriver à des marges de 15 à 20% en vogue chez certains groupes de presse alémaniques. Pour Vandenberghe , cela évite le risque d’une restructuration et peut assurer leur emploi aux 270 employé-e-s de ses librairies et aux 24 salarié-e-s de « Nature et Découvertes ».


Le groupe parle même de nouvelles enseignes – visiblement rentables - « Nature et Découvertes » outre Sarine et à Munich. Payot est également détenu à 5% par l’homme d’affaire vaudois Jean-Marc Probst (construction) et à 20% par la holding française Mercator qui, outre son président François Lemarchand, compte parmi ses administrateurs son fils Antoine (PDG des 49 établissements « Nature et Découvertes » en France). Petite inquiétude, car ce dernier se bat farouchement pour que certaines de ces enseignes en zones « touristiques » soient ouvertes le dimanche comme à « Bercy Village » et il ne porte pas du tout le Code du travail dans son cœur qu’il souhaite remplacer par un Code de la Personne au travail (BFMTV, 16.6.2014).


Pour Lagardère et Tamedia, il reste encore une inconnue. A qui vont-ils vendre l’autre partie du groupe, Naville, dont dépendent 1400 kiosques romands ? A une chaîne de kiosque alémanique ou, comme le laisse entendre L’Hebdo, à un consortium de deux fonds d’investissement américains ? Affaire à suivre.

 

Yves Sancey

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