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Autogoal !

La Caisse de pensions Poste dans la tourmente

 

Contrairement aux autres années, c’est une simple communication que les assuré·e·s ont reçu de la Caisse de pensions Poste (CP Poste) au début juin. Certes ils et elles peuvent en savoir davantage sur les résultats de l’année écoulée en consultant le site internet (www.pkpost.ch/fr/) ou en commandant un exemplaire papier à la Caisse.

La communication précitée contient une donnée essentielle, celle du rendement (0,21 %), assortie d’une remarque soulignant que le rendement nécessaire aurait dû être de 2,2 % ! Nous avons là une contre-performance due aux nombreuses turbulences qui secouèrent les marchés en 2015.

Bien entendu, la CP Poste n’est pas la seule à avoir souffert de cette situation inquiétante.

Les pertes sur les cours affectent autant les obligations (– 108 millions) que les actions (– 153 millions) ; les placements sur l’immobilier s’en sortent mieux (+ 50,5 millions). Dans l’ensemble, le résultat des placements s’élève à 94 millions, alors qu’il atteignait 1,079 milliard en 2014 ! Les frais de gestion de la fortune ascendent à 69 millions, soit 4 millions de plus qu’en 2014. Au travers de ces quelques chiffres, on mesure le pourquoi de la faiblesse du rendement relevé plus haut.

Considérons maintenant le degré de couverture. Il s’obtient en comparant la fortune de prévoyance de la Caisse (15 162 176 884 fr.) avec le capital de prévoyance actuariel nécessaire (15 254 958 193 fr.) ; il s’ensuit un déficit technique, 92 781 309 fr., qui donne un degré de couverture de 99,4 %. Ajoutons que si l’on ne tient pas compte de la réserve de cotisation de l’employeur avec renonciation à l’utilisation (550 millions), ce même degré baisse à 95,8 % ! Les bénéficiaires de rentes sont au nombre de 29 609 alors que 43 627 actifs cotisent. Chez ces derniers, entre 2012 et 2014, on constate un recul annuel moyen de 716 personnes. La diminution enregistrée en 2015 est plus marquée chez les femmes (346) que chez les hommes (84). L’effectif des rentiers a augmenté de 199 (174 en 2014). Les effets de la diminution du taux technique au 1er janvier de cette année (qui passe de 3 à 2,25 %) et des taux de conversion correspondants susciteront une augmentation des retraites à fin 2015 (comptabilisée seulement en 2016). Relevons encore que globalement l’effectif des rentiers progresse alors que celui des actifs (donc des cotisants) diminue ; il y a dans cet aspect matière à réflexion !

L’expertise actuarielle relève que le déficit des réserves (qui comprend celle de l’employeur mentionnée plus haut et celle concernant la fluctuation des valeurs) atteint 3,389 milliards ! Les experts en déduisent que les obligations engagées par la CP Poste ne sont par conséquent pas couvertes par la fortune disponible. On comprend dès lors l’impossibilité financière de verser une compensation du renchérissement aux rentiers et les efforts, de même que l’attention, des responsables de la Caisse concentrés sur la nécessité de payer les rentes.

Soulignons pour terminer l’existence de provisions techniques non négligeables (1,034 milliard) ; elles concernent en particulier la longévité des assurés actifs et des bénéficiaires de rente, de même que les risques d’assurance des actifs.

La lecture du rapport de gestion 2015 de la CP Poste nous oriente sur l’importance du travail accompli par sa directrice et l’ensemble des salarié·e·s. Ils méritent notre reconnaissance pour leur sens de la responsabilité et leurs compétences dans la gestion du patrimoine de prévoyance des postiers.

Sur le même sujet, voir notre interview (p. 5)

Le peuple s’est exprimé le 5 juin en refusant l’initiative en faveur du service public ! Victoire ou défaite ? A chacun de se positionner. Pour ma part, je suis déçu et dubitatif. Mes raisons :

1. Le non à l’initiative entérine implicitement une situation et renforce l’idée que la politique actuelle de la Confédération est la bonne. Par conséquent, le peuple est d’accord avec les démantèlements progressifs des services publics, par exemple la fermeture des offices de poste, la rationalisation des réseaux, la suppression des postes de travail, la privatisation des secteurs les plus rentables, etc., etc. Tout cela avec l’aval tacite ou involontaire des syndicats et des partis de gauche ! Surprenant et pour ma part incompréhensible !

2. Les accords en gestation (TISA, Accord sur le commerce des services et TTIP ou TAFTA, Traité de libre-échange transatlantique) qui visent à privatiser tous les services publics des pays les plus riches de la planète pourront donc être signés sans sourciller par nos autorités, puisque le peuple suisse a entériné une politique allant dans le même sens, à quelques nuances près !

3. La finance et le capitalisme à tout prix ont gagné une fois de plus. Il n’y a donc plus lieu de se plaindre des centaines de millions versés chaque année à la Confédération en impôts et autres dividendes !

4. La lutte syndicale a-t-elle encore un sens si elle consiste à laisser faire le système capitaliste qui précarise et appauvrit le travailleur et le citoyen lambda ?

Conclusion

Le vote de dimanche augure mal du futur des services publics !

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