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AVSplus – une nécessité

La Commission des retraité·e·s de l’Union syndicale suisse (USS) s’est régulièrement battue dans le passé pour une revalorisation de l’AVS. Elle a notamment revendiqué le versement d’une 13e rente AVS et une meilleure indexation des rentes au renchérissement ainsi qu’à l’évolution des salaires. Unique en son genre, l’AVS est garante de la cohésion sociale et suscite l’envie à l’étranger. Le lancement de l’initiative populaire AVSplus a été décidé à l’assemblée des délégué·e·s de l’USS du 16 novembre 2012. 

 

Il est grand temps de revaloriser les rentes AVS, et c’est même devenu une nécessité pour une part substantielle des retraité·e·s. En Suisse, les inégalités sociales entre les personnes âgées sont très marquées. Selon une récente étude de l’OCDE, la pauvreté touche 18 % de la population âgée, taux nettement supérieur à la moyenne de l’OCDE. En Suisse, un bon tiers des retraités n’ont pour tout revenu que l’AVS, dont même le montant maximum ne suffit pas à couvrir leurs besoins vitaux. Le cas échéant, seules les prestations complémentaires et l’apport d’autres prestations garantissent le minimum vital, ce qui signifie que ces personnes doivent se contenter du strict nécessaire au niveau de l’habillement, de l’alimentation et du logement. En outre, ces retraité·e·s courent un sérieux risque de marginalisation, faute de pouvoir s’offrir le style de vie habituel en Suisse.

Désinformation

Le camp bourgeois s’emploie à répandre systématiquement de fausses informations sur la précarité des finances fédérales ou sur l’AVS, qu’il présente comme étant aux soins intensifs. L’insécurité et la peur constituent un vaccin administré de façon ciblée à la population, à seule fin d’affaiblir son système immunitaire contre les mesures de démantèlement social et de préparer ainsi le terrain à des allégements d’impôts au profit d’une couche de la population déjà largement privilégiée.

Il est typique de ces profiteurs que le CEO de Swiss Life exige de repousser de cinq ans l’âge de la retraite pour assainir le 2e pilier. Il a sans doute plutôt pensé aux juteux bénéfices que la gestion des caisses de pension procure automatiquement aux assureurs-vie. La redistribution néolibérale de bas en haut, apparue au milieu des années 1990, revêt des proportions alarmantes. Alors que toujours plus de travailleuses et travailleurs sont exposés au risque de pauvreté, les nantis de ce pays bénéficient de cadeaux fiscaux se chiffrant en milliards. La fourchette des revenus ne cesse de s’ouvrir au profit d’une caste de privilégiés.

Les libéralisateurs ont par ailleurs pris en grippe les conventions collectives de travail, et donc le partenariat social. Beaucoup de CCT, sinon la plupart, ont été vidées une à une de leur substance. Le patronat a contourné impunément les dispositions impératives des CCT et même les lois. Cette dérive risque de transformer bientôt en farce le partenariat social tant vanté en Suisse. Pour satisfaire la cupidité de managers et d’actionnaires sans scrupule, des milliers d’emplois­ ont été supprimés et continueront de l’être, dans le secteur privé comme dans le secteur public.

Si l’on veut mettre fin à cette lutte des classes menée d’en haut, il faut que les forces syndicales s’orga­ni­sent et que l’appel de la rue se fasse pressant !

Que demande AVSplus ?

Le premier principe de la prévoyance professionnelle inscrit dans la Constitution fédérale prévoit que les personnes âgées puissent « maintenir de manière appropriée leur niveau de vie antérieur ». Sa concrétisation reste hélas un rêve pour beaucoup de retraité·e·s ayant perçu des revenus bas ou moyens. A titre d’exemple, quiconque gagnait dans sa vie professionnelle 5000 francs par mois obtiendra des deux premiers piliers, dans le meilleur des cas, un taux de remplacement de 60 % de son dernier revenu, soit 3000 francs seulement.

L’initiative populaire AVSplus demande une hausse linéaire de 10 % des rentes AVS. De cette manière, une grande majorité des rentes AVS augmenteront d’env. 200 francs par mois – 350 francs pour les couples mariés. AVSplus est facile à réaliser, car ce n’est pas une refonte mais une simple extension du système en place.

La hausse des rentes AVS entraînera des besoins supplémentaires d’env. 3,6 milliards de francs. Un oui à l’initiative « Imposer les successions de plusieurs millions pour financer notre AVS » générerait des recettes additionnelles de plus de 2 milliards de francs. En cas de financement par prélèvement salarial, il en coûterait 0,55 % pour les employeurs comme pour les travailleurs. Sachant que les cotisations AVS sont restées inchangées depuis quarante ans, une telle hausse serait raisonnable. Ce n’est pas tout : l’annulation de la réforme II de la fiscalité des entreprises et le remboursement du prêt de 15 milliards consenti par l’AVS à l’AI généreraient des rentrées supplémentaires.

Collecte de signatures

Le « calendrier » prévoit de commencer la collecte de signatures au début de 2013. Il s’agit de déposer en été déjà l’initiative avec largement plus de 100 000 signatures. Pour atteindre cet ambitieux objectif dans un laps de temps aussi bref, il faudra notamment que les organisations de retraité·e·s se mobilisent au sein des syndicats. Expérience à l’appui­, les collègues à la retraite ont toujours excellé dans la collecte de signatures. L’USS fournira prochainement les documents nécessaires, avec du matériel utile à la propagande et un argumentaire.

 

Heinz Thommen est membre du comité du GI retraité·e·s et représ

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