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Campagne Brésil 2014 : « Des goals contre l’injustice »

Du 6 au 15 mai, E-CHANGER lance, dans huit villes suisses, une campagne pour réfléchir sur l’impact de la Coupe du monde de foot qui commencera le 12 juin. Entretien avec Sergio Haddad, l’un des invités de cette campagne et promoteur des plus actifs du 3e Championnat mondial du football de rue. Symbole d’un autre football, ce championnat se tiendra à São Paulo du 1er au 12 juin.

 

Sergio Ferrari : Que signifie le football dans la réalité brésilienne et latino-américaine d’aujourd’hui ?

Sergio Haddad : Le football est une passion. Il fait partie de la culture de nos peuples. C’est une récréation, particulièrement pour les enfants et les jeunes. Tout petits, ils commencent à jouer au ballon – en chiffons ou en cuir – dans les terrains vagues de la périphérie urbaine ou dans des clubs pour les classes moyennes. Le football, comme tout dans notre société, vit un très fort processus de marchandisation, qui touche les matchs, les championnats et les joueurs.

Malgré ce conditionnement économique, social et même culturel… est-il possible d’imaginer une autre conception du football ?

La question clé est de savoir si le football, comme toute autre pratique sociale, sportive ou culturelle, peut servir des valeurs différentes dans une société marquée par le marché et la consommation… C’est sans doute un grand défi pour ceux qui pensent qu’il est possible de construire un autre monde, basé sur des valeurs de justice sociale, de solidarité et de démocratie véritable.

En quoi consiste le football de rue ?

Une partie s’organise en trois temps et elle intègre obligatoirement des garçons et des filles. Lors de la première période, sont définies les règles du jeu, basées sur certaines valeurs, telles que le respect, la solidarité, la coopération, la tolérance. Durant la seconde période, le match se déroule selon ces règles. Dans la troisième période, les deux équipes évaluent si les accords initiaux ont été respectés et, à partir de cette évaluation, on décide qui est le vainqueur. Il n’y a pas d’arbitre, mais un médiateur. Environ 600 000 jeunes dans le monde entier jouent à ce sport né durant les années 1990, dans le quartier Chaco Chico de la ville argentine de Moreno, dans le Grand Buenos Aires.

Comment peut-on comprendre le football comme une passion populaire et, en même temps, les grandes mobilisations sociales depuis juin 2013 au Brésil liées au Mondial ?

Les mobilisations ne se font pas contre le Mondial. Elles se font contre les dépenses effectuées par les gouvernants pour organiser le Mondial, face à des services publics précaires dans l’éducation, la santé, les transports, etc. Ces protestations concernent aussi la violation des droits fondamentaux, comme l’expulsion de familles de leur logement pour libérer les terrains où l’on construit les stades. Ou l’augmentation de la prostitution découlant du tourisme footballistique. Je ne peux nier qu’une partie des protestations sont aussi dirigées contre la Fédération internationale de football (FIFA), surtout pour ce qu’elle représente en termes de marchandisation du sport et de la corruption qui en découle.

 

Infos et dossier : www.e-changer.

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