Danger énorme pour les salaires et les emplois
La décision prise le 15 janvier par la Banque nationale suisse (BNS) d’abolir le cours plancher de 1,20 franc pour 1 euro met en très grand danger et les salaires et les emplois de l’économie d’exportation et augmente les risques de déflation en Suisse. Même avec un cours de 1,20 franc pour 1 euro, notre monnaie était toujours nettement surévaluée. La suppression du cours plancher ouvre tout grand la porte aux spéculations sur le franc. Il faut donc s’attendre à ce que ce dernier s’apprécie de manière incontrôlée. L’économie d’exportation (industrie, tourisme), qui souffre, aujourd’hui déjà, de la surévaluation du franc verra ses charges s’accentuer.
L’histoire de la politique monétaire de la Suisse montre que la BNS doit fixer un cours plancher pour le franc, implicitement ou explicitement. [...] Lors de l’introduction de l’euro, la BNS a défendu implicitement un cours plancher de 1,45 franc, respectivement 1,50 pour 1 euro à travers sa politique en matière d’intérêts. Elle est coresponsable de la forte appréciation du franc par rapport à l’euro intervenue à partir de 2010, parce qu’elle n’a pour la première fois plus défendu ces seuils implicites. (USS)
Librairies particulièrement touchées
Les effets du franc suisse fort ne sont pas encore perceptibles. Mais l’expérience de l’été 2011 montre qu’en raison de la force du franc et des réductions de prix qui ont résulté, les librairies suisses vont sans doute vivre une situation très difficile, avec un chiffre d’affaires presque mécaniquement en forte baisse pour le premier semestre 2015. Avec un marché romand du livre dépendant à 80 % des importations de livres en France, c’est également fatal. Les charges restant les mêmes, des baisses de salaire ou des renoncements au 13e salaire sont à prévoir dans les petites librairies. Dans les grandes, l’avenir dira s’il est possible de trouver des solutions pour éviter des licenciements pour les plus grands groupes. (YS)