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Débrancher Big Brother !

Il faudra désormais se méfier des prises électriques. Non seulement on risque d’y recevoir de l’énergie d’origine atomique, mais l’œil de Big Brother pourrait bien se frayer un passage entre les électrons et venir épier nos modes de vie et nos intimités par le (tout) petit trou de la lorgnette. Depuis quelques années en effet, la fabrication et l’implantation de « compteurs intelligents » ou « compteurs communicants » se développent. Pilotés centralement par ligne téléphonique, ces compteurs électroniques installés dans les logements ou entreprises permettent aux fournisseurs d’électricité – mais aussi de gaz et d’eau – de connaître instantanément la consommation exacte de chaque foyer.

Il est ainsi facile de déduire à quelles heures les occupants se réveillent, partent au travail et rentrent de leurs courses ; quels sont leurs jours de congé et quand ils sont absents ou en vacances ; combien de temps ils passent à cuisiner ou sous la douche ; quand ils vont se coucher et même ce qu’ils regardent à la télévision. Chaque activité génère en effet un « profil électrique » et notamment chaque émission télévisuelle possède une telle « signature » typique liée à la luminosité variable des images transmises. Cette nouvelle forme de contrôle des marchés des fluides au niveau de chaque foyer commence à porter le nom d’« Internet de l’énergie ».

A l’ère du Big Data, toutes ces informations individuelles peuvent être valorisées pour une production judicieuse de l’énergie, pour accorder demande et offre ou pour gérer finement les tarifs. Mais pourront aussi être commercialisées pour déterminer à quels moments faire du télémarketing et essayer de fourguer des frigidaires AA+… Sans parler de l’usage frauduleux ou criminel de telles données.

Dans l’absolu, les progrès technologiques sont précieux, sur les plans écologique, économique et du confort personnel. Mais leur contrôle reste primordial pour en limiter les conséquences négatives. La digitalisation de la production laissée à la discrétion des employeurs s’est ainsi traduite par des restructurations mangeuses d’emplois, de l’industrie à la distribution, des télécoms à l’imprimerie, de la vente à l’administration, jusqu’à l’introduction du « trading à haute fréquence » mettant des courtiers sur la touche. Pour y répondre, la gauche et les syndicats doivent continuer à défendre les conditions matérielles de travail, en réduisant sa durée ou en augmentant les salaires.

Mais face à la domination des vies par les grandes entreprises, il faut désormais également se pencher sur le contenu du travail effectué par les salariés et contrôler sa mise en œuvre. Tout comme un service public de l’information est seul à même de garantir un usage respectueux des « profils électriques » des émissions de TV par la participation des utilisateurs, un contrôle démocratique du travail par les salariés et les consommateurs doit être impulsé pour assurer une surveillance publique de l’utilisation de la technologie productive et reprendre un bout de pouvoir sur les employeurs.

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