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Décision serrée mais juste sur la Loi sur le prix du livre

Avec l’adoption par le Parlement de la Loi sur le prix du livre, un long débat se termine avec succès. En tant qu’organisation des travailleurs et travailleuses du commerce du livre, syndicom – auparavant comedia – s’engage depuis 1999 pour la réglementation du prix du livre.

 

Le 18 mars 2011, le Conseil national et le Conseil des Etats ont approuvé en votation finale la Loi fédérale sur le prix réglementé du livre. Ainsi, la réglementation du prix du livre peut entrer en vigueur au 1er janvier 2012. Le Conseil des Etats a voté en faveur de la loi avec 23 voix contre 19 et 1 abstention; au Conseil national, la décision est tombée avec 96 voix contre 85 et 5 abstentions.

 

La majorité du Parlement a donc reconnu la double nature du livre, à la fois bien culturel et produit commercial. Bien entendu, chaque livre n’est pas un bien culturel, même si des prix – comme le prix Nobel de littérature – sont décernés dans le monde entier pour récompenser les meilleures œuvres littéraires. De tels prix n’existent pas pour d’autres marchandises, par exemple pour des baskets ou des chaussettes, qui n’en ont pas besoin. Mais chaque société, chaque pays a besoin de conditions-cadres pour garantir le développement culturel et intellectuel. Et la Suisse quadrilingue a tout particulièrement besoin de conditions-cadres pour rendre possible l’échange littéraire au-delà des frontières linguistiques. C’est pourquoi la Loi sur le prix du livre s’impose.Défaite pour les fétichistes du marché Lorsque le PRD parle d’un « péché de gouvernance politique » en référence à la Loi sur le prix du livre, il ignore le double caractère du livre que les économistes reconnaissent désormais aussi.

 

Ces quatre dernières années, l’absence d’une réglementation du prix du livre a  favorisé la libre concurrence débridée. Et elle a eu pour conséquence que des discounters, tels que la filiale de la Migros Ex Libris ont consolidé l’offre en ligne pour y proposer des livres à des prix sacrifiés. Cette stratégie, sans aucun rapport avec la culture, met sous forte pression le commerce du livre et les librairies indépendantes qui s’engagent pour organiser des lectures, des journées polars et d’autres événements livresques, aujourd’hui partie intégrante de la vie culturelle des petites et moyennes villes.


La Suisse en bonne compagnie

Comme syndicom l’a toujours souligné, la Suisse se trouve en bonne compagnie avec cette décision: les lois sur le prix du livre en vigueur en Allemagne, en Autriche ou en France se fondent sur des considérations d’ordre tant culturel que politique. La présidente de la branche Livre et diffusion des médias, Eva Bachofner, souligne toutefois que l’absence de réglementation en Suisse a aussi une autre répercussion grave, une répercussion qui motive l’engagement de longue date de syndicom à réglementer le prix du livre: « L’expérience de ces quatre dernières années a montré que la bataille des prix se joue sur le dos des employés. Les effectifs en personnel diminuent comme peau de chagrin dans les librairies sans que les salaires soient adaptés à la surcharge de travail. Je suis heureuse de l’issue de ce long débat. »* Danièle Lenzin est coprésidente de syndicom

 


Chronologie - un long chemin
Depuis que la Commission de la concurrence a déclaré en automne 1999 la loi sur la réglementation du prix du livre comme irrecevable parce qu’elle empêche la concurrence, syndicom (auparavant comedia) s’engage pour son maintien.

 

En été 2000, la branche Livre et diffusion des médias a lancé une pétition signée par plus de 7'000 personnes (libraires et client-e-s).

 

En mai 2004, le conseiller national PDC Jean-Philippe Maitre a lancé une initiative parlementaire pour demander la mise en place de bases juridiques pour réglementer le prix du livre en Suisse. Le Conseil national a approuvé cette initiative en décembre 2006.

 

Et en été 2008, la Commission fédérale de l'économie et des redevances du Conseil national a décidé d’élaborer une Loi sur le prix du livre. Elle a été traitée aux Chambres fédérales, puis approuvée en votation finale le 18 mars 2011.

 

syndicom a participé à la consultation du projet de loi et influencé le travail de lobbying des Chambres. Il s’engage pour des raisons de marché du travail, mais aussi de politique culturelle en faveur de la réglementation du prix du livre. Car sa suppression mettrait en péril les emplois et la diversité culturelle.

 

22.3.11, Danièle Lenzin, secrétaire centrale livres et diffusion de médias

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