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Derniers jours à Schlieren

impressionné la direction pour l’inciter à conclure un assez bon plan social. Sinon, la suppression des postes n’aurait pas été aussi facile : une grève aurait pu discréditer durablement la réputation de l’entreprise, dont près de la moitié du personnel est syndiqué.

« En versant des indemnités de départ relativement élevées, la direction voulait éviter un conflit du travail prolongé. L’opposition à la fermeture est ainsi restée modeste », confirme Dominik Dietrich, secrétaire régional à syndicom. Plusieurs mois de salaire et des indemnités de travail en équipe proportionnelles aux années de service ont été versés.

« On n’a pas vu un aussi bon plan social dans la branche de l’industrie graphique ces vingt dernières années », dit aussi Thierry Grandchamp. « Mais il ne justifie pas la fermeture », souligne Dietrich, qui a lui-même travaillé comme imprimeur durant de nombreuses années. Jusqu’à la décision définitive de février, il s’est engagé avec syndicom pour le maintien de l’entreprise dans le cadre d’une procédure de consultation. En janvier, la commission du personnel a expliqué en détail dans son rapport pourquoi une fermeture « est stratégiquement fausse et inutile d’un point de vue économique ». Mais cela n’a servi à rien. « La direction du groupe ne s’intéresse qu’à maximiser les profits, relève Dietrich. La branche entière en paie aujourd’hui le prix : la fermeture est un mauvais signal pour l’industrie graphique. »

Dietrich est heureux que la plupart des employé·e·s aient déjà trouvé des alternatives : « Les personnes non qualifiées ont eu le plus de difficultés à retrouver un emploi. Dans l’ensemble, on s’en est tiré à bon compte » chez NZZ Print, estime Dietrich.

Stratégie simple et cynique:
maximiser les profits

Des indemnités de départ élevées, des contributions à la formation continue, un soutien pour la recherche de postes : tout cela ne change rien au fait qu’il est irresponsable de fermer une entreprise rentable. La stratégie qui sous-tend cette décision est aussi simple que cynique : l’objectif, en sacrifiant cette imprimerie, est d’améliorer le résultat opérationnel du groupe « d’une dizaine de millions par année ».

« Depuis des années, personne n’avait été licencié chez NZZ Print. Les employé·e·s de longue date formaient une équipe parfaitement rodée. Et l’identification à l’entreprise dépassait la moyenne », dit Thierry Grandchamp.

Il jette un coup d’œil à sa montre. Plus que quelques minutes avant d’entamer son travail en équipe de nuit. Durant ce bref silence, la tristesse est palpable. « L’ambiance de travail me manquera, dit Thierry Grandchamp. Une telle cohésion est rare aujourd’hui – c’est comme si on brisait une famille. »

Huit heures moins cinq. Thierry Grandchamp saisit la poignée de la porte. « Chaque semaine, on verse des larmes d’adieu », dit-il. Puis il rit. « Nous sommes une joyeuse troupe multiculturelle », ajoute-t-il avant de partir. « Ici un Australien, là-bas un Américain – et là-bas, regarde : voilà un Argovien ! » Thierry Grandchamp s’engouffre déjà dans le bâtiment.

Peu après, un bourdonnement sonore s’en échappe. La rotative de 120 tonnes, de 68 mètres de long et 13 mètres de haut, rugit. 124 000 exemplaires défilent à travers les rouleaux de la machine et les tours d’impression avant d’être recrachés par les plieuses. La machine tourne comme à l’accoutumée, bruyamment et à plein régime, comme si rien ne devait jamais changer.

Le 25 juin, c’était la dernière WoZ qui était imprimée à Schlieren. Une petite partie du personnel y travaille encore jusqu’en septembre – à la démolition des machines, rangement et nettoyage. A partir de juillet, la WoZ sera imprimée dans l’imprimerie de la St-Galler Tagblatt (NZZ Group).

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