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Entre désespoir et solidarité

A Idomeni, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, des milliers de migrant·e·s ont vécu pendant des mois dans un gigantesque camp de réfugiés improvisé. Impressions du camp quelques jours avant son évacuation fin mai.

 

Aux portes de l’Europe, près de 60 000 personnes sont contraintes à vivre dans des camps de réfugiés improvisés ou étatiques, dans des conditions inhumaines. Comme à Idomeni, un lieu qui est devenu l’un des symboles de la crise migratoire européenne. Depuis la fermeture de la route des Balkans, des milliers de migrants s’entassaient dans l’immense camp informel et sordide à la frontière de la Grèce et de la Macédoine.

Mais il existe aussi l’autre Europe, celle qui refuse de se laisser guider par la peur et l’indifférence et réagit avec solidarité à la plus grande crise humanitaire de l’histoire récente. Je pense aux personnes qui ne se contentent pas de regarder les nouvelles, mais se rendent dans les camps, seules ou avec de petites ONG. Elles apportent un peu d’humanité et de réconfort dans l’enfer de l’attente. Des milliers de personnes, en particulier des jeunes, se sont rendues à la frontière gréco-macédonienne pour apporter leur contribution. Parmi eux, notre groupe de jeunes Tessinois, qui a accompagné les réfugiés les jours précédant l’expulsion.

Apporter un peu de vie

« Les gens disent qu’il est important d’apporter de l’eau et de la nourriture, mais nous apportons un peu de vie », me raconte Pav, qui parcourt les camps en auto­stop avec son ensemble de clowns « Contaminando Sonrisas ». Le premier jour, je l’ai vu submergé par l’euphorie d’un groupe d’enfants pendus à son cou et tirant sur son nez rouge.

Certains ont pris des vacances, d’autres sont des chômeurs dans leur propre pays. Ce n’est pas un hasard si la plupart des volontaires viennent de l’Espagne et de l’Italie. Zoe aide au « baby hammam », où elle veille à l’hygiène des petits enfants avec d’autres mamans. Elle confirme : « Dans mon pays, il n’y a pas de travail. Pourquoi rester à la maison à me tourner les pouces ? ».

Retrouver un peu de bien-être

Giada et Alessandra ont créé le Beauty Center, où les femmes retrouvent un peu de bien-être. Mariangela, Valentina, Camilla, Isabella et Silvia ont choisi de s’engager avec « MAM Beyond Borders ». Elles accompagnent les mamans et les nouveau-nés. Les espagnols « Bomberos en acción » sont une véritable armée de la paix, toujours prêts à construire à partir de rien ou à réparer ce qui a été détruit, y compris la confiance dans l’humanité. Il y a une école, une radio, une énorme cuisine qui prépare près de 7000 plats par jour. Dans leurs pays respectifs, tous les volontaires s’appuient sur des réseaux de solidarité qui réussissent même à prendre en charge le loyer des appartements pour les familles dans des situations d’extrême détresse.

Carlos, photographe espagnol de 38 ans, résume le sentiment des centaines de volontaires européens : « L’histoire s’écrit ici et aujourd’hui, et ce que je peux faire, je le ferai. Je veux pouvoir regarder mes petits-enfants dans les yeux et leur dire que j’ai fait tout mon possible pour éviter cette honte ».

Ricardo Torres, 1977, diplômé en design graphique à l’Université de Bogotá, reporter audiovisuel, ce membre de syndicom travaille dans la publicité puis comme photographe. Entre 2010 et 2012, il travaille pour l’ONG romande E-CHANGER, vit avec les campesinos expropriés de Las Pavas et réalise le documentaire Algún día es mañana , Prix du public au festival Panorama du cinéma colombien de Paris. Il travaille à un second documentaire long métrage ( Il ciclista ) sur le thème de la migration.

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