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Epsilon ou l’esclavagisme moderne

Lorsqu’on ouvre son journal le matin, au petit-déjeuner, dans le bus ou à son poste de travail, se doute-t-on jamais de la manière dont il est arrivé jusqu’à nous ? Les conditions de distribution de quotidiens tels que la Tribune de Genève, Le Matin ou encore le Herald Tribune s’apparentent pourtant à de l’esclavagisme moderne.

 

A 3 heures du matin, ce 6 mai, il pleut, il fait froid. Derrière la gare de Genève, à deux pas des entrepôts de la poste, les travailleuses et travailleurs d’epsilon s’activent déjà. Sous un auvent qui servait de parking motos, ils disposent des paquets de journaux sur des emplacements numérotés à même le sol. Petit à petit, les « porteurs » arrivent en scooter pour récupérer leur tournée. Equipement sommaire, sacs plastique aux pieds pour protéger les chaussures, équilibre fragile des caisses sur les motos : tout concourt ici à rendre le travail toujours plus pénible.

Le salaire n’est pas un salaire horaire mais un salaire par tournée qui peut varier selon la saison et le nombre de journaux à livrer. En dessous de cinq exemplaires, la livraison n’est pas indemnisée mais le travailleur a l’obligation de l’effectuer. La moindre réclamation de clients – journaux mouillés, nuisances sonores lors de la distribution, etc. – supprime d’office la prime mensuelle que pourraient toucher les travailleurs·euses sur un salaire déjà bien maigre.

Sans compter les dégâts aux véhicules que le travailleur doit assumer lui-même, les congés maladie non respectés, la menace incessante d’un licenciement immédiat. La loi des petits chefs règne en maître, sans que La Poste, à laquelle appartient l’entreprise, n’intervienne.

Ce 6 mai au matin, malgré la nécessité d’aller vite, les travailleuses et travailleurs d’epsilon acceptent d’écouter le syndicat syndicom venu à leur rencontre. Nombreux sont ceux qui ne parlent pas français, et pourtant le dialogue s’installe. Nombreux sont ceux qui n’ont plus beaucoup d’espoir de voir les choses changer mais écoutent tout de même les syndicalistes. Il faudra revenir encore et encore, alerter le public et les autorités, se battre pour que ces salarié∙e∙s de l’ombre puissent enfin exercer leur métier dans des conditions dignes. ( paz )

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