Article

Faire avancer l’égalité dans les médias

Prix Femmes et Médias 2016

 

La troisième édition du Prix Femmes et Médias, lancé en 2010 par la Conférence romande de l’égalité et dont syndicom est l’un des partenaires financiers, a connu son épilogue mardi 3 mai sur le bateau Genève. Trois prix et un prix spécial ont été décernés ce soir-là par un jury présidé par Myret Zaki, rédactrice en chef de Bilan.

Le premier prix a récompensé un travail collectif de trois journalistes du « Courrier », Dominique Hartmann, Laura Drompt et Mohamed Musadak. Le dossier avait été rédigé le 8 mars 2015 à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes et portait sur le « care ». Laura Drompt a expliqué avec une émotion contagieuse en quoi consistait le care : garde d’enfants, soins infirmiers, éducation, tâches ménagères, veille des personnes âgées, assistance aux proches malades : autant d’« activités » qui cachent le travail souvent non-rémunéré et peu valorisé de plus de 100'000 personnes, essentiellement des femmes. Un thème très riche, à la croisée des politique d’égalité, sociale, éducative, économique et migratoire.

Préoccupation constante au « Courrier »
Un dossier journalistique qui montre également la préoccupation constante de l’équipe du « Courrier » de faire avancer le débat sur l’égalité entre les femmes et les hommes, lui qui y consacre une rubrique à part entière dans ses colonnes. La journaliste, au nom de ses collègues, a espéré que ce prix participe à une prise de conscience général sur la thématique de l’égalité. Ce dossier écrit en 2015 aurait pu l’être en 2016 et 2017, a-t-elle déploré. Car pour l’heure, « prendre soin des autres incombe encore principalement aux femmes et reste une activité mésestimée, alors qu’elle est vitale pour notre société. » Laura Drompt a conclu son discours en rendant hommage aux femmes qui donnent de leur personne tout en étant maintenues dans l’ombre de la société. Des femmes à l’image de Dorkas, gardienne d’enfants et bolivienne, qui expliquait dans les pages du « Courrier » que si elle témoignait, c’est parce qu’elle avait besoin de dire : « C’est moi, Dorkas, je suis la femme de ménage. »

Femmes dans l’église
Pour le deuxième prix, le jury a distingué Pierre-Yves Moret pour son émission « La place à part des femmes dans l’église » dans le magazine Hautes Fréquences diffusée sur la 1ère le 1er mars 2015. Le sujet est traité sous l’angle de l’actualité et du débat puis sur le plan philosophique et fait le constat que si les églises sont largement habitées et portées par les femmes, la femme n’est pas l’égale de l’homme devant l’autel. Pierre-Yves Moret s’est réjoui que dans le département RTSReligion le débat sur l’égalité puisse avoir lieu, imaginant que cela est peut-être facilité par le fait que l’équipe se compose de cinq femmes et trois hommes. Espérons que ce prix permette à de telles émissions de poursuivre le débat au sein du service public. Car RTSReligion a vu son budget pour 2017 amputé de 1,2 million de francs !

Coup de cœur du jury
Le travail d’Albertine Bourget, journaliste indépendante, a reçu le prix Coup de cœur du jury. Elle a été distinguée pour trois articles parus dans « Femina » et deux dans « sept.info » qui montrent son approche originale du thème de l’égalité. Elle s’est notamment intéressée à ces ados américaines qui promettent à leur père de rester vierges, à ce qui fait courir les femmes, aux femmes dans les séries télé ou encore aux maris des femmes qui ont du pouvoir. Une palette très large pour évoquer la place des femmes dans la société. Même si la journaliste admet qu’il lui a fallu quelques années « pour réaliser l’importance de mettre en avant les femmes dans la presse. »

Prix  spécial pour Babylone
La soirée s’est terminée par l’attribution d’un prix spécial. L’année 2016 marquant les vingt ans de l’entrée en vigueur de la loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes (LEg), les bureaux de l’égalité romands ont choisi de marquer cet anniversaire en décernant le prix « 20 ans de la LEg » à l’émission Babylone de Nancy Ypsilantis de la RTS, pour les nombreux sujets concernant la place des femmes dans la société diffusés en 2015, notamment « Cinéma : cherchez la femme et son salaire » par Raphaële Bouchet ; « Le genre du chômage » par Nicole Duparc ou « Mariages forcés en Suisse et dans le monde (FIFDH) par Laurence Froidevaux.

Cette troisième édition du Prix Femmes et Médias a également été l’occasion pour Colette Fry, directrice du Bureau de la promotion de l'égalité entre femmes et hommes et de prévention des violences domestiques, de rappeler qu’en Suisse, en 2015, les femmes demeurent sous-représentées dans les médias (25% des personnes évoquées) et que les sujets promouvant l’égalité sont très peu abordés (6%). La presse véhicule encore une image très traditionnelle des genres et la situation a plutôt tendance à se péjorer depuis 2010. Il reste cependant de l’espoir, car les médias ont le pouvoir de faire la différence et de contribuer activement à l’égalité entre femmes et hommes, à l’image de ceux qui ont été distingués par cette troisième édition du Prix Femmes et Médias.

 

Restez informées

Personnellement, rapidement et directement

Vous voulez savoir pourquoi nous nous engageons. Abonnez-vous à nos newsletters! Si vous avez des demandes personnelles, nos secrétaires régionaux seront heureux d’y répondre.

syndicom près de chez toi

Les secrétariats régionaux te conseillent de manière compétente

Deviens membre