Horaires de travail flexibles: mieux protéger de l’épuisement les catégories à risque!
Les horaires de travail flexibles sont de plus en plus répandus selon l’Enquête suisse sur la population active de 2014. En conséquence, les risques psychosociaux au travail s’accroissent aussi et de plus en plus de personnes souffrent d’épuisement professionnel (burn-out). La riposte? Des mesures de protection de la santé efficaces et des contrôles du temps de travail par les inspectorats du travail.
En 2014, près de la moitié (44,6 %) des salarié(e)s connaissent un horaire de travail flexible. Une personne active sur cinq (20,5 %) travaille régulièrement le samedi, environ une sur dix (10,6 %) le dimanche. Les modèles du temps de travail varient fortement selon le niveau de formation et le sexe.
Toujours plus flexibles
La part des personnes travaillant à temps partiel est passée, en une décennie, de 31,7 % à 36 %. Parmi les hommes, seuls 15,9 % exercent à temps partiel, alors que la proportion est de 59,2 % pour les femmes. Les femmes avec une formation de niveau secondaire I sont moins présentes (50,7 %) que les femmes avec une formation de niveau secondaire II (62,9 %) ou de niveau tertiaire (57,3 %).
Cinq pour cent des salarié(e)s travaillent régulièrement de nuit. 17,1 % exercent une activité impliquant de travailler régulièrement le soir et 4,8 % travaillent sur appel. Forme particulièrement précaire et incertaine de travail, le travail sur appel concerne plus souvent les femmes que les hommes (respectivement 6,1 % contre 3,7 %) et plus souvent les salarié(e)s ayant une formation de niveau secondaire I que ceux qui ont suivi l’université (respectivement 7,6 % contre 3,1 %). Ces chiffres montrent que la précarisation sur le marché du travail touche particulièrement les femmes et plus souvent les salarié(e)s ayant une formation de niveau secondaire I que ceux de niveau universitaire. Le travail sur appel rend plus difficile ou même impossible la conciliation de la vie familiale et professionnelle. Cela aussi concerne au premier chef les femmes.
Les salarié(e)s sont 7,3 % à avoir plusieurs emplois. Ce sont plus souvent des femmes que des hommes (9,6 % contre 5,3 %). 7,4 % des salarié(e)s ont un contrat de travail de durée déterminée; pour 2,4 % d’entre eux, sa durée est inférieure à six mois. Ils ignorent d’où proviendra l’argent pour assurer leur minimum vital un semestre plus tard.
Toujours plus malade?
Conjointement, une étude représentative menée à la demande de Promotion Santé Suisse, montre qu’en 2014, plus d’un million de salarié(e)s, soit 25 % d’entre eux, souffrent d’un degré d’épuisement «moyen à très élevé». Environ six pour cent, ou 300 000 travailleurs et travailleuses, sont tellement surchargés qu’ils sont au bord de l’épuisement professionnel. Ces salarié(e)s n’arrivent plus à se reposer durant leur temps libre et ne peuvent plus récupérer leurs forces durablement.
La cause réside notamment dans des horaires toujours plus flexibles et dans le travail sur appel.
Si la flexibilisation des modèles du temps de travail se poursuit, on peut craindre une augmentation sans retenue des épuisements professionnels.
Des mesures à prendre dès maintenant
Il est essentiel que des mesures d’accompagnement pour la protection psychosociale au travail soient prises et qu’une prévention sérieuse du burn-out se mette en place. Les syndicats exigent à cet effet une gestion sanitaire rigoureuse, dans l’entreprise, des risques psychosociaux. En particulier, les pauses doivent être respectées, les salarié(e)s ne doivent pas être importunés durant leur temps libre, sous prétexte d’être constamment atteignables par leur téléphone mobile. En outre, des contrôles rigoureux des inspectorats du travail doivent généraliser le respect des dispositions légales concernant la durée maximale du travail, les pauses, l’interdiction du travail de nuit et du dimanche. Dans cette perspective, les gouvernements cantonaux doivent mettre plus de moyens à disposition des autorités compétentes.
Dans le cadre des réformes en cours de la saisie du temps de travail, en matière de santé au travail, les mesures obligatoires, de nature psychosociale, prévues doivent être transcrites scrupuleusement dans les CCT. Notamment aussi sous l’angle de l’analyse des risques préliminaire. A cet effet, les partenaires sociaux doivent recourir à des spécialistes compétents. Ces derniers devront aussi analyser les risques psychosociaux liés au travail provoqués par l’abandon de l’enregistrement détaillé du temps de travail. Des mesures pour éviter ou minimiser ces risques devraient en découler et être prises!
Mentionnons ici enfin le jugement du Tribunal fédéral BGer 4A_384/2014, qui prévoit une protection spécifique contre le licenciement pour des salarié(e)s particulièrement fragiles (p. ex. les travailleuses et travailleurs âgés) devant des situations générant un épuisement professionnel. (USS)