« Otti, il faut que tu viennes ! » : Otto Dietiker a entendu maintes fois cette phrase durant son parcours syndical. Et chaque fois, il est intervenu aussi vite que possible. Ce qu’il a vu ? C’est parfois à peine croyable : des locaux de pause minuscules, bruyants et froids, des vestiaires pour dames dans un état déplorable, des toits non étanches et même des cas sévères d’exposition à l’amiante. Et des cas – moins visibles – de stress, mobbing et harcèlement. Otto Dietiker a pris note des plaintes. Il a constitué des dossiers pour se rendre chez les supérieurs. Il a toujours cherché des solutions avec les personnes concernées.

« Le syndicat doit pendre au sérieux la protection de la santé », déclare-t-il. Avec l’augmentation de la pression concurrentielle et l’externalisation de services auprès de fournisseurs privés, les conditions de travail de nombreux travailleurs dans les branches syndicom se détériorent : il faut être plus que jamais vigilants et, si nécessaire, intervenir. Otto Dietiker se réjouit du fait qu’un poste de responsable de la santé soit créé à syndicom.

De mécanicien-ajusteur
à spécialiste en fibre optique

Otto Dietiker a eu une vie de travail très riche. Dans l’industrie graphique, il a appris le métier de mécanicien-ajusteur. Il a fait un deuxième apprentissage de spécialiste en télécommunication aux PTT. « J’ai vécu l’évolution des télécommunications des câbles en cuivre jusqu’à la technologie de la fibre optique », déclare-t-il. Il a suivi des cours de formation continue et il s’est vite retrouvé dans des fonctions dirigeantes.

Le changement technologique dans le secteur des télécommunications dans les années 1990 n’a pas été sans conséquences. Les anciennes régies fédérales ont été dissoutes, la Poste et Télécom se sont séparées, les PTT sont devenus Swisscom qui s’est à son tour transformée en SA. L’entrée en Bourse de Swisscom a été suivie d’une grande vague de licenciements. Sous la direction du CEO de Swisscom SA, un groupe de travail a été constitué en 1998 qui devait orienter les personnes licenciées vers un nouvel avenir professionnel. Le projet « Perspectives » est né. En tant que président central de la branche Télécom, Otto Dietiker a participé à son élaboration.

Des expériences décisives

« C’était une période difficile », avoue-t-il. En tant que président central de la branche Télécom (et représentant de la commission paritaire « Perspectives »), il avait le droit de consulter les dossiers du personnel et devait participer à la préparation des inévitables licenciements. Qu’adviendrait-il de ces nombreuses personnes ? Des centres de marché du travail ont été créés pour replacer les employés ou les aider à devenir indépendants. « Pour moi, il s’agissait surtout de chercher des solutions pour les personnes vivant dans des conditions difficiles et de ne pas simplement les laisser tomber », précise Otto Dietiker. Tout cela lui a donné beaucoup à faire, ajoute-t-il pensif. Otto Dietiker a été mis à la retraite anticipée à la fin de l’année 2000.

Syndicaliste actif depuis quarante-deux ans, il a tout d’abord œuvré auprès de l’Union PTT où il s’est engagé dans différents offices et sections. En 1996, il a été élu au comité central de l’Union PTT et, deux ans plus tard, en tant que président central de la branche Télécom. Il a été membre du comité directeur au Syndicat de la Communication jusqu’à la professionnalisation de ses structures de milice.

Après son départ à la retraite et ses adieux à sa fonction de président central de la branche Télécom, Otto Dietiker a poursuivi son activité au sein de la commission de l’ergonomie en tant que président à titre honorifique. L’actuelle commission de la santé du syndicat est née de la commission de l’ergonomie.

Passionné de grosses bécanes

Otto Dietiker a acquis de vastes connaissances sur la protection de la santé et la sécurité au travail. A l’Union syndicale suisse, il travaille dans la commission de la sécurité au travail et la protection de la santé. Il donne des cours à l’institut de formation syndicale Movendo. Il a également élaboré différentes brochures sur la santé au poste de travail ainsi qu’un manuel d’ergonomie pour Swisscom SA. Il a été élu comme seul syndicaliste dans le groupe d’accompagnement « Plan d’action nanomatériaux synthétiques » de la Confédération (OFSP).

Otto Dietiker a 68 ans. Il pense qu’il est temps de se retirer ; d’une part, pour des raisons de santé, mais aussi pour pouvoir se consacrer à ses loisirs et ses propres intérêts. Motard passionné depuis sa jeunesse, il conduit une Honda Gold Wing et il est membre du GoldWing-Club Suisse. Avec son épouse, il s’est rendu deux fois aux Etats-Unis, où ils ont parcouru le Mexique jusqu’en Alaska. Mais pour l’instant, il a d’autres projets en tête : « J’aimerais aller à l‘Université. C’est surtout l’histoire qui m’intéresse. »