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La fibre optique en plein essor. Un boom dangereux !

La Suisse investit des milliards dans l’avenir du réseau de fibre optique au détriment des salaires et des conditions de travail, qui sont mises sous pression. Aussi syndicom veut-il réguler la branche de la construction du réseau. Le secrétaire central Daniel Münger nous explique comment. 

 

Syndicom, le journal : Daniel, comment se fait-il qu’un énorme volume de commandes menace les salaires et les conditions de travail à cablex, la filiale de Swisscom ?

 

Daniel Münger : A part cablex, d’autres entreprises se sont spécialisées dans la construction des réseaux de fibre optique. C’est pourquoi Swisscom ne confie pas automatiquement ses mandats à sa filiale cablex, mais demande des offres à plusieurs entreprises. Et elle choisit en principe la plus avantageuse. Enfin, la construction du réseau n’est pas soumise à l’Ordonnance sur les soumissions de la Confédération. Ce qui veut dire que les mandats sont attribués selon la procédure de gré à gré : Swisscom détermine les critères d’attribution.

 

Cela signifie-t-il que cablex n’est pas toujours la plus avantageuse malgré la longue expérience de ses collaborateurs ?

 

Exactement. L’expérience et la qualité représentent des facteurs importants, mais ils ne sont pas les seuls à influencer un prix. Comme aucune convention collective de travail ne régule cette branche, quelques entreprises se créent des avantages concurrentiels en offrant de mauvaises conditions d’engagement ou en sous-traitant les mandats.

 

Comment réagit cablex à la pression sur les prix ?

 

cablex veut détériorer les conditions de travail et renoncer au plan social Swisscom. Les deux solutions n’entrent pas en ligne de compte pour nous.


Nous sommes dans une situation confortable, car nous pouvons exercer une pression sur Swisscom et cablex. Cela est-il suffisant pour freiner les velléités de démantèlement ?

 

Nous ne pouvons pas exercer une forte pression sur Swisscom. Ni l’obliger à vendre les téléphones mobiles d’un tel fournisseur plutôt que d’un autre. Nous avons davantage de possibilités à cablex, mais un éventuel conflit du travail envenimerait la situation. Car Swisscom risque de ne plus investir dans cablex et de ne lui donner que quelques rares mandats. Cela reviendrait à faire mourir à petit feu cablex. C’est pourquoi nous voulons une CCT de branche. Car cablex pourrait ainsi à nouveau lutter à armes égales avec ses concurrents.

 

La discussion sur une CCT de branche inquiète nos collègues à cablex. Pourquoi ne sautent-ils pas de joie ?

 

Ils ont peur de subir des réductions de salaire. Peur d’avoir des horaires de travail plus longs. Et surtout peur de perdre le plan social. A cela s’ajoute que les collègues âgés de cablex ont déjà vécu des périodes difficiles : externalisation (hors de Swisscom), baisses de salaire, propre CCT, etc. De ce point de vue, je comprends très bien ces craintes. Et le plan social ne peut pas faire partie de la solution de branche. Il doit être réglé séparément avec cablex (p. ex. garantie de l’emploi comme alternative au plan social).

 

N’y a-t-il pas d’alternative ?

 

La seule alternative serait de s’accrocher aux acquis. Ce qui irait tout au plus dans le sens des collaborateurs âgés de cablex. Or nous voulons aller de l’avant, mais sans négliger pour autant les besoins des collaborateurs âgés. Nous voulons une CCT de branche reposant sur la CCT Swisscom. Et un accord avec cablex pour garantir la protection des collaborateurs âgés. L’objectif est d’améliorer les conditions de travail des concurrents de cablex.

 

Les mesures d’accompagnement à la libre circulation ne suffisent-elles donc pas ?

 

Pas du tout. Elles sont trop faibles et s’appliquent seulement si des dispositions efficaces sont en vigueur dans une branche. Et ce n’est actuellement pas le cas de la branche de la construction de réseau. Une fois que les conditions de branche s’appliqueront sur tout le territoire, le Conseil fédéral pourra régler les conditions de travail via une convention déclarée de force obligatoire. Ce qui constitue aussi une protection face aux fournisseurs étrangers. Comme standard minimum, il a la possibilité, sur demande des partenaires sociaux, de décider une CCT de branche ou des parties de cette CCT.

 

Il faut améliorer les mesures d’accompagnement à la libre circulation des personnes, mais cela ne suffit pas pour nos collègues à cablex. D’autant qu’il ne fait pas partie des usages suisses d’introduire des réglementations légales pour protéger les employés des entreprises. Cette tâche revient aux partenaires sociaux.

 

Pourquoi Swisscom a-t-elle intérêt à régler les conditions de travail de la branche de la construction du réseau ? Tout deviendra alors plus cher ?

 

Swisscom doit assumer sa responsabilité sociale. Le dumping salarial est un problème à prendre au sérieux. Et une réglementation permet à Swisscom de continuer à investir dans sa filiale sans démantèlement social. Nous ne permettrons jamais qu’un réseau bon marché soit construit sur le dos des employés. Car un réseau de qualité, qui représente un avantage concurrentiel pour la Suisse, a son prix. La valeur ajoutée est produite sur place ; elle est soumise aux conditions-cadres locales.


Constate-t-on déjà un dumping salarial chez les concurrents de cablex ?

 

Nous soupçonnons des pratiques déloyales dans cette branche. Le risque est grand d’avoir un fort dumping salarial et social pratiqué par les entreprises étrangères et suisses. Nous voulons l’éviter.


Quelle est la suite des travaux ?

 

Il y aura d’abord des discussions avec Swisscom. Ensuite nous organiserons une table ronde avec Swisscom et toutes les entreprises importantes, actives dans la construction du réseau. En cas d’accord sur une CCT de branche, les employeurs et employés auront leurs propres délégations de négociation. Nous sommes prêts.

 

Franz Schori, secrétaire au secteur Télécom / IT

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