La FIJ soutient la grève générale des journalistes prévue mardi en Tunisie
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a annoncé aujourd'hui son soutien total à son affilié tunisien, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), suite à son appel pour une grève générale pour demain mardi 17 septembre dans tout le pays. Le Syndicat souhaite protester contre l'arrestation du journaliste Zied El Heni et les poursuites judiciaires engagées contre lui ainsi que les tentatives du pouvoir dominé par les islamistes visant à interdire la liberté d'expression en utilisant les arcanes juridiques datant du régime de Ben Ali.
Vendredi dernier, M. El Heni a été entendu par un juge d'instruction près la dixième chambre du tribunal de Tunis et a été inculpé pour diffamation contre un agent public. On lui reproche ses critiques contre le procureur Tarek Chkioua, qui selon le journaliste, aurait fabriqué les preuves contre Mourad Meherzi ,un cameraman poursuivi en justice pour avoir filmé un incident au cours duquel un œuf aurait été lancé au ministre tunisien de la Culture Mehdi Mabrouk.
M. El Heni avait été placé en détention préventive lors de son arrestation mais sa libération provisoire pourrait intervenir aujourd'hui.
La manifestation de demain, organisée conjointement par le SNJT et le Syndicat de la Culture et Information (affilié à la fédération du travail UGTT), devrait affecter tous les secteurs des médias. Les deux syndicats ont appelé leurs membres à respecter la grève et ont donné des consignes spécifiques à leurs différents secteurs.
«Nous saluons la détermination des deux syndicats à s'opposer aux attaques contre les journalistes venant des autorités qui cherchent désespérément à traiter les journalistes comme des criminels sur base des lois répressives et non conformes aux normes internationales qui refusent la critique et l'expression libre,« a déclaré le président de la FIJ, Jim Boumelha.
La FIJ estime que le code pénal tunisien, particulièrement ses dispositions portant sur la diffamation ainsi que les délits contre l'Etat, ont servi de justification aux autorités judiciaires afin de poursuivre et punir les journalistes, les bloggeurs ainsi que les défenseurs de droits de l'homme.
«Les poursuites contre El Heni représentent la goutte qui fait déborder la vase », renchérit M. Boumelha. « L'Assemblée constituante a jusqu'à présent refusé de revoir lois révolues qui sont toujours utilisées pour semer la peur et inciter à l'autocensure. Il est plus que temps de les supprimer ».
Activiste bien connu en Tunisie, comme au niveau international, M. El Heni a longtemps été un farouche opposant à Ben Ali. Il n'a jamais été arrêté pendant tout ce temps, mais il a été victime de harcèlement constant par les services de sécurité.
Le jour de son arrestation, un autre journaliste Zouhaer al-Jiss, présentateur à la radio Express FM était cité à comparaitre et inculpé lui aussi pour calomnie à l'encontre de fonctionnaires de l'Etat. Les accusations contre lui découlent d'un programme dont il était le modérateur et au cours duquel un invité aurait critiqué le chef de l'Etat. Le journaliste a été inculpé avec le directeur de la radio pour violation des articles 128 et 245 du code pénale ainsi que de l'article 54 du code de la presse.
«L'escalade des attaques contre les journalistes par le pouvoir judiciaire vient exposer au grand jour l'intolérance des autorités tunisiennes à toute critique contre elles. Le code pénal devrait être réformé pour inclure la défense de l'intérêt public et dépénaliser la diffamation », a ajouté Beth Costa, Secrétaire générale de la FIJ.
La FIJ promet de mobiliser tous les syndicats de journalistes à travers le monde pour soutenir leurs collègues tunisiens.