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« La ligne rouge est franchie »

Vendredi 24 mars, peu après le vote des délégués de l’Union syndicale suisse favorables au projet Prévoyance 2020, un front référendaire s’est constitué et a annoncé le lancement d’un référendum contre le plan Prévoyance vieillesse 2020 (PV2020). En particulier contre l’augmentation de la retraite des femmes à 65 ans.

Le noyau dur du comité « NON à la hausse de l’âge de la retraite – NON à la baisse des rentes ! » est surtout constitué de milieux syndicaux romands. Les deux grandes faîtières cantonales – l’Union syndicale vaudoise (USV) et la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) – chapeautent la démarche. Plusieurs sections cantonales du Syndicat suisse des services publics (SSP) – Tessin, Vaud et d’autres en Suisse alémanique – ont rejoint le comité ou devraient le faire. Le 25 mars, la section genevoise de syndicom s’est prononcée à l’unanimité en faveur du référendum.

Côté partis, on trouve le Parti suisse du travail / Parti ouvrier populaire (PST-POP) et solidaritéS. Et enfin, l’Avivo, le lobby de retraités, est également de la partie. Des comités de soutien sont annoncés à Fribourg, Neuchâtel et même en Valais. Les militant·e·s du Parti socialiste genevois ont dit NON à la réforme et OUI au référendum.

Suite à un intense lobbying au sein du PSS, la Jeunesse socialiste a repoussé la question de sa participation au lancement du référendum à une assemblée de délégués en mai. Du coup, des sections cantonales des jeunes socialistes – Genève, Thurgovie et Winterthur – lancent la fronde. Leur lettre ouverte aux autres sections refuse la logique « du moindre mal » du grand frère et les invite à prendre ouvertement position et s’engager pour le NON au sein du PS.

Le compte n’y est clairement pas

« Nous devons défendre les valeurs fondamentales du combat syndical », relève Manuela Cattani, secrétaire générale du Syndicat interprofessionnel de travailleuses et travailleurs (SIT) et présidente de la CGAS. « Cette réforme n’est bonne ni pour les retraités, ni pour les femmes, ni pour les salariés », résume-t-elle. Le relèvement de l’âge de la retraite de 64 à 65 ans pour les femmes équivaut à leur faire payer une part de cette réforme. « Ceci alors qu’elles assument les deux tiers du travail non rémunéré et que leurs retraites sont déjà 37 % plus basses », relève Catherine Friedli, secrétaire syndicale du SSP-Fribourg.

Deuxième grief : les retraités actuels – soit 2,3 millions de personnes qui auraient également besoin d’un coup de pouce – sont les oubliés de cette réforme. Leur pouvoir d’achat va pourtant fondre, vu l’augmentation quasi automatique, année après année, des primes d’assurance maladie.

Les salariés se retrouvent aussi perdants dans la mesure où, du fait de l’augmentation des cotisations et de la TVA, leur pouvoir d’achat va reculer. Par ailleurs, « accepter l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes alors que des salarié·e·s se font licencier sans ménagement déjà à partir de 50 ans est incompréhensible » relève Michela Bovolenta, secrétaire centrale SSP.

Sur le dos des femmes et des retraité·e·s

Pour Valérie Borloz, secrétaire générale du l’USV, PV 2020 n’est rien d’autre qu’une opération de sauvetage du 2e pilier sur le dos des femmes et des futurs retraités via la baisse du taux de conversion. « Les assureurs, eux, ne sont pas mis à contribution. »

La baisse du taux de conversion de 6,8 % à 6 % représentera en moyenne un recul de 400 francs par mois des rentes, ce qui n’est évidemment pas compensé par les 70 francs de hausse de l’AVS.

En outre, cette augmentation annuelle de 840 francs ne compensera la perte due à l’augmentation de l’âge de la retraite d’un an (24 000 francs) que si elles vivent... jusqu’à 94 ans.

Question de principe

Les référendaires ont maintenant 100 jours, jusqu’au 3 juillet, pour récolter les 50 000 signatures nécessaires pour que la question des retraites soit posée au peuple. Il y aura de toute façon un référendum obligatoire le 24 septembre pour le relèvement du taux de TVA. Mais les membres du comité référendaire estiment que la question centrale de l’âge de départ à la retraite pour les femmes doit être posée en tant que telle.

Accepter aujourd’hui l’élévation de l’âge de la retraite des femmes est d’autant plus choquant pour les référendaires que la votation du 12 février contre RIE III a ouvert la perspective d’un rapport de force moins défavorable aux syndicats.

« Une ligne rouge est franchie avec ce projet », estime Manuela Cattani. Avec la certitude que si cette digue cède, les partis bourgeois auront un espace politique pour revenir très vite avec leur revendication d’une augmentation de l’âge de l’AVS à 67 ans. « Ils l’ont d’ailleurs annoncé deux jours après le vote aux Chambres, alors que les tenants de ce paquet nous affirmaient encore avoir verrouillé politiquement cette question grâce à PV 2020 », conclut la secrétaire syndicale.

Lettres DE lecteurS PV 2020

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La rédaction

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