La machine à récolter de Migros a fonctionné
Le 5 juillet, après l’impression de ce journal, le comité référendaire contre la loi sur le prix unique du livre a déposé près de 70'000 signatures auprès de la Chancellerie fédérale. Les citoyens décideront si la loi doit être introduite ou non.
Le PRD compte donner une impulsion à sa campagne électorale avec son initiative «Stop à la bureaucratie». Reste à voir s’il y parviendra. Car le parti n’a même pas rassemblé les 100 000 signatures nécessaires. Et sa dernière tentative – l’initiative pour restreindre le droit de recours des associations – a lamentablement échoué en 2008. L’assemblée des délégués du PRD salue donc d’autant plus l’aboutissement du référendum contre le prix unique du livre.
Ni les jeunes ni les vieux radicaux n’ont récolté des signatures pour le référendum. Or le parti, en perte de vitesse, a besoin d’un nouveau succès. Il est donc étonnant que le comité référendaire compte 19 conseillers nationaux et 19 conseillers aux états du PRD – y compris le président. A croire que la loi sur le prix unique du livre représente un enjeu économique capital pour les radicaux. Et cela quand bien même la branche du livre dégage un bénéfice de 900 millions, donc sans grande importance pour l’économie. Le comité regroupe 44 personnes en tout: de nombreux membres des Verts libéraux et des jeunes radicaux, ainsi que des jeunes UDC.
Un problème suisse alémanique
C’est surtout le discounter Ex-libris qui a rassemblé les signatures. La filiale Migros a fait de la publicité dans ses 117 filiales, son magasin et son shop en ligne. Toutefois, presque aucune signature ne vient de la Suisse romande. Martin Schläpfer, chef de la cellule de lobbyistes à Migros, explique que cette différence va de pair avec une «autre mentalité» en Suisse romande. Migros s’est donc concentré sur la Suisse alémanique pour la récolte des signatures.
L’«autre mentalité» a sa raison d’être: le prix unique du livre a été aboli depuis longtemps en Suisse romande, contraignant de nombreuses petites librairies à fermer. En outre, les acheteurs romands de livres paient un supplément beaucoup plus élevé sur les livres étrangers que les alémaniques. Ce ne sont bien entendu pas des arguments contre la loi sur le prix unique du livre. Au contraire. L’argument principal du comité référendaire, selon lequel la loi sur le prix unique du livre renchérit le prix des livres, est réfuté par les expériences réalisées en Suisse romande. Il est même jugé comme erroné.
Se préparer à la campagne de votation
Malgré tout, syndicom se prépare à la campagne de votation. Car il est difficile d’avancer des arguments rationnels contre des objets à forte connotation populiste. Quand la machine à sous de Migros est lancée – et Migros l’a déjà promis au comité –, il faut regorger d’idées et avoir de l’aide pour combattre le référendum.
Danièle Lenzin, secrétaire centrale Livre et diffusion de médias
