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La première chance depuis 40 ans

Les syndicats et les forces progressistes de Suisse ont approuvé, à une large majorité, la révision de la prévoyance vieillesse 2020. Les aspects négatifs, en particulier le relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes, étaient connus. En vue de la votation du 24 septembre, il s’agit toutefois d’évaluer l’ensemble des mesures dans le contexte du rapport de force politique.


Le premier renforcement de l’AVS depuis 1977 constitue un changement politique particulièrement bienvenu et représente un pas dans la bonne direction, même si les 70 fr. n’ouvrent pas la porte du pays de cocagne. La sécurité des rentes ne peut être assurée à long terme que par un renforcement de l’AVS : dans la partie dite surobligatoire, non réglementée par la loi, le système des caisses de pension fonctionne toujours plus mal. Les taux de conversion, et donc les rentes, sont en chute libre – comme le démontre l’article d’Urban Hodel. Malheureusement, en septembre dernier, le peuple a rejeté l’initiative des syndicats AVSPlus, qui proposait d’augmenter l’AVS de 10 % pour tous les retraités·e·s – mais nous pouvons maintenant poser des jalons pour un Oui. Puis, ces prochaines années et décennies, le bras de fer sur la mise en œuvre du train de mesures AVS se poursuivra .

Ces prochaines années, les forces progressistes et sociales devront mettre l’accent sur la sécurité des rentes. Dans la plupart des pays européens, l’évolution des rentes montre qu’une part croissante de la population peine à mener une vie digne à la retraite. Ce danger existe aussi en Suisse. Il est évident qu’une « erreur historique » a été commise dans les années septante : les rentes des caisses de pension ont alors été exposées aux risques liés au marché des capitaux et la consolidation de l’AVS comme retraite populaire a été balayée. A l’heure actuelle, un revirement n’est guère envisageable. C’est pourquoi les « travaux de réparation » prévus dans le cadre de la réforme vieillesse 2020 revêtent une importance toute particulière pour assurer au moins les rentes des bas revenus durant la période suivante. Pour eux, la garantie des droits acquis s’applique pour les plus de 45 ans dans la partie obligatoire des caisses de pension. Ils ressentiront aussi les effets positifs d’une meilleure protection pour les personnes à temps partiel et à bas salaires, du bonus AVS de 70 francs et d’une augmentation des rentes qui peut dépasser 200 francs par mois pour les couples mariés. De plus, le maintien possible dans la caisse de pension en cas de licenciement dès 58 ans permettra d’éviter des impasses financières durant la retraite.

Le renforcement de l’AVS est combattu – pour des raisons idéologiques – par les partis bourgeois et une grande partie des employeurs : l’AVS est répartie du haut vers le bas et ils voient toujours dans le 2e pilier un commerce lucratif. Ne nous berçons donc pas d’illusions : ils interpréteraient un Non en septembre comme un second Non au renforcement de l’AVS, avec cette fois-ci avec un impact à long terme. Un Non ne serait pas interprété comme un Non de gauche contre le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, mais comme un refus des 70 francs. Et du coup, notre train AVS lentement mis en branle s’arrêterait brusquement. Dans le cadre de la campagne pour la révision de la prévoyance vieillesse 2020, syndicom s’engagera donc en faveur d’un Oui pour éviter l’autogoal, qui arriverait à point nommé pour les partis bourgeois. Lesquels rêvent de voir l’AVS financièrement compromise pour détenir enfin des arguments en faveur de l’âge de la retraite à 67 ans et plus !

Âge de la retraite, hausses des rentes et financement : Victoires et défaites
Depuis 1990, nous avons perdu cinq initiatives visant à abaisser l’âge de la retraite ou à introduire une retraite flexible dès 62 ans. Lors des votations populaires de 1990 et 2016, nous n’avons pas remporté la majorité pour un renforcement de l’AVS. En revanche, en 2004 et 2010, nous avons pu combattre efficacement des projets de démantèlement de la droite sans mesures de compensation. En 1995, nous avons perdu le référendum contre la 10e révision de l’AVS : l’âge de retraite des femmes a alors été relevé de 62 à 64 ans, mais il y a eu à titre de compensation des progrès importants dans la prise en compte du travail non rémunéré dans l’AVS. En 2015, nous avons aussi essuyé une défaite lors de la votation sur l’impôt sur les successions, qui aurait garanti des ressources financières supplémentaires à l’AVS. Un bilan du rapport de force politique depuis 1990 montre une chose : la proposition des syndicats visant à abaisser l’âge de la retraite a été vouée à l’échec ; les projets des partis bourgeois visant à démanteler l’AVS sans mesures de compensation ont été balayés. Malgré l’augmentation de l’âge de la retraite, la 10e révision de l’AVS a recueilli la majorité requise grâce à l’amélioration des prestations pour les femmes, avec le splitting partiel. La réforme de la prévoyance vieillesse 2020 peut être gagnée, aussi contre la résistance massive des partis bourgeois ! (rkr)

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