Le Conseil fédéral se plie à la pression des grands distributeurs
Par son soutien à la motion Lombardi pour le prolongement des heures d’ouverture, le Conseil fédéral prouve qu’il n’a pas reconnu les signes de notre époque et qu’il ploie sous le lobby des grands distributeurs.
En juin, le canton de Zurich a rejeté par 70% de la population les heures d’ouverture prolongées. Or la motion Lombardi veut que les magasins restent désormais ouverts dans toute la Suisse de 6 à 20 heures et de 6 à 19 heures les samedis.
De toute évidence, le Conseil fédéral a changé d’avis. Alors qu’il écrivant encore en mai dans sa réponse à une motion du conseiller national Christian Wasserfallen qu’il était sensé que les heures d’ouverture des magasins soient du ressort des cantons, il a changé d’avis depuis. Le Conseil fédéral compte manifestement forcer les cantons à une «harmonisation partielle», mais aussi inciter nombre d’entre eux – où le souverain avait rejeté la libéralisation – à introduire l’ouverture prolongée des magasins. Car 32 votations populaires cantonales et communales ont eu lieu sur ce thème depuis 1996. Et dans plus de deux tiers de ces votations, la libéralisation a été rejetée.
Les cantons n’ont pas bronché jusqu’à présent. Par contre, Bruno Frick, le président de Swiss Retail Federation, s’est laissé interviewé. Son association, la communauté d’intérêt du commerce de détail suisse (CI CDS), ainsi que l’Union suisse des arts et métiers saluent la décision, puisqu’elle élimine les désavantages concurrentiels.
Le lobbying mené de longue haleine par les représentants des grands distributeurs semble porter ses fruits. En juin dernier, l’association des détaillants du canton de Lucerne a milité pour une prolongation des heures d’ouverture des magasins jusqu’à 17 heures le samedi (une heure de plus).
La propagation actuelle de l’extension des heures d’ouverture des magasins signifie que les grands commerces prennent le pas sur les petits magasins indépendants. Avec pour conséquence que dix mille employés du commerce de détail auront des conditions de travail plus dures. Pour syndicom, une chose est donc claire: nous combattrons aussi cette libéralisation.
Danièle Lenzin, coprésidente de syndicom