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Nerfs à fleur de peau au guichet

Les offices de poste ont été transformés en épicerie, a-t-on pu lire dans les médias ces dernières semaines. Quant aux objectifs de vente que les employé·e·s doivent tenir, ils font aussi parler d’eux. Notre enquête. Nina Scheu

 

Certain∙e∙s employé∙e∙s de guichet des offices de poste achètent eux-mêmes en plusieurs exemplaires les produits qu’ils doivent promouvoir, afin d’atteindre les objectifs de vente ambitieux qui leur sont fixés. On pouvait le lire dans le Sonntagsblick, le Blick et 20 Minuten ces dernières semaines. Des poêles, des nounours Haribo, mais aussi des abonnements de natel et des assurances de voyage sont vendus aux guichets. D’aucuns ont du coup l’impression de se retrouver dans un bazar plutôt que dans un bonne vieille poste. Personne ne voit d’inconvénient à ce que La Poste veuille compenser avec d’autres offres son chiffre d’affaires en recul dans la distribution des lettres et des colis. D’autant qu’un franc sur trois provient déjà de ces ventes supplémentaires. Et une large palette de produits représente d’après La Poste une contribution substantielle au maintien des emplois.

Il y a déjà bien longtemps que les offices de poste ne sont plus pensés comme des endroits conviviaux où les habitant·e·s du village parlent de leurs soucis lorsqu’ils viennent y déposer leurs lettres. De nombreux client·e·s le regrettent et font part de leur malaise sur les forums en ligne des journaux. De nombreux postiers et postières se sentent aussi mis sous pression par leurs nouvelles tâches. Ils ont été formés en tant que spécialistes postaux et doivent aujourd’hui vanter à la clientèle des poêles ou des assurances de voyage. Même si des cours de perfectionnement leur sont proposés, ils ont parfois de la peine à s’adapter à ce changement. Thomas Geiser, professeur en droit à l’Université de Saint-Gall, explique : « Seules des tâches convenues dans le contrat de travail peuvent être confiées au personnel. Mais les exigences changent avec le temps et le contrat doit alors être adapté d’un commun accord par les deux parties ». Ce qui compte, d’après le professeur Geiser, c’est de savoir comment aborder des situations problématiques: «Si aucun accord ne peut être obtenu, les syndicats sont mis à contribution. Ils aident non seulement à résoudre des cas particuliers, mais veillent aussi au respect des conditions-cadre.

Le contrôle c’est bien, la confiance c’est mieux

Les relations interpersonnelles sont souvent problématiques aussi : « Les entreprises doivent donc relever aujourd’hui le grand défi d’instaurer une culture d’entreprise entre supérieur·e·s hiérarchiques et employé·e·s ». Ici aussi, le professeur Geiser estime qu’il appartient aux syndicats de dénoncer les anomalies. Selon lui, il ne sert à rien de fixer des objectifs irréalistes. Car contrairement aux théories des économistes, les objectifs ne sont plus ressentis comme une stimulation à travailler, mais comme des ordres arbitraires – source de stress.

Des problèmes se posent finalement aussi en politique, relève Thomas Geiser : « Des décisions lourdes de conséquence, parfois même contradictoires, ont été prises ces dernières années ». Il compte ici aussi sur le soutien des syndicats pour dénoncer les dérapages. «Ce sujet nous occupera des années», soutient-il, convaincu.

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