Le projet AVSplus vise à renforcer le premier pilier de la prévoyance vieillesse. Il a été mis en route lors du congrès de l’USS de 2010. Depuis, l’USS n’a pas perdu de temps. Quatre variantes ont été élaborées. La variante qui a été prise en compte prévoit une augmentation linéaire de 10 % des rentes AVS. Nous avons demandé à Doris Bianchi, responsable au sein de l’USS du dossier des assurances sociales, de nous présenter les objectifs de cette initiative ainsi que les avantages de la variante qui a été choisie.

Avant tout, comment se porte l’AVS ?
Doris Bianchi : Le système de financement de l’AVS est très solide et l’état actuel de la caisse est bon. Et pour les dix prochaines années, il n’y a pas de signaux qui nous annoncent une dégradation. Si on se fonde sur les études de l’Union syndicale suisse, le financement de l’AVS est assuré jusqu’en 2030. C’est évident que si nous voulons financer de meilleures rentes, il faut faire entrer davantage d’argent.

La direction de l’USS recommande à l’Assemblée des délégués du 16 novembre de promouvoir la variante appelée « 13e rente AVS ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Avec notre projet d’initiative, nous voulons revaloriser toutes les rentes. Pour nous, il est aussi important d’augmenter les rentes maximums que les rentes minimums. Les personnes qui ont touché de hauts salaires ne sont pas seules à bénéficier de rentes maximums. C’est aussi le cas de gens qui ont touché des salaires moyens et élevé des enfants. Dans le système de financement de l’AVS, c’est important que la personne qui paie davantage puisse bénéficier d’une rente plus élevée. Voilà pourquoi, selon nous, toutes les rentes doivent être revues vers le haut, correspondant grosso modo à une 13e rente AVS annuelle. Nous sommes d’avis qu’une augmentation de 10 % peut être facilement financée. La rente minimale augmenterait ainsi de 116 francs et la rente maximale de 232 francs, tandis que la rente maximale pour les couples augmenterait de 348 francs.

Quels sont les principaux avantages de cette variante par rapport aux trois autres ?

En tout premier lieu parce que c’est un modèle très simple et facile à expliquer. Ce système s’intègre parfaitement dans le système AVS – qui par ailleurs fonctionne très bien – sans changer ni de structure ni de formule pour calculer les rentes.

Quels seraient les coûts de cette variante ?

Nous avons estimé qu’une augmentation linéaire des rentes de 10 % coûterait 3,6 milliards de francs par année. Pour financer cela, il faudrait augmenter la cotisation AVS des employeurs et des employés de 0,55 %.

Est-ce que la variante retenue est la meilleure du point de vue politique, et celle qui aura le plus de chance de succès devant le peuple ?

Je pense que oui : non seulement parce que c’est le modèle le plus simple, mais aussi parce que l’augmentation que nous proposons n’aura pas d’incidences négatives sur les revenus de la caisse. Des augmentations de rentes plus conséquentes seraient plus lourdes à financer, et ce serait plus difficile de construire une majorité politique favorable.

En matière de prévoyance vieillesse, les femmes sont les moins bien loties. En quoi le système AVSplus leur sera-t-il profitable ?

D’une manière générale, il est toujours intéressant pour les femmes de renforcer l’AVS, parce que dans notre système de prévoyance vieillesse c’est l’assurance qui offre la plus grande couverture. Pourquoi ? Parce que le système AVS prend en compte le rôle éducatif. Voilà pourquoi il est possible qu’une femme qui a touché un petit salaire durant sa vie active puisse, arrivée à la retraite, avoir droit à une rente maximum. En Suisse, plus de 60 % des femmes divorcées avec enfants perçoivent la rente maximale. S’il est vrai que l’AVS fait preuve d’équité envers les femmes, cela ne veut pas dire que les femmes bénéficient d’une bonne couverture financière durant leur vieillesse. Beaucoup d’entre elles ont un 2e pilier faible ou inexistant. L’augmentation des rentes AVS de 10 %, comme le préconise notre projet d’initiative, est donc tout bénéfice pour les femmes.

L’USS a prouvé la solidité financière de l’AVS, pourtant il y a ceux qui ne perdent pas une occasion de dire le contraire. Ce discours sera présent lors de la campagne pour l’initiative. Est-ce que l’USS est prête à en découdre pour défendre son point de vue ?

Bien sûr que nous sommes prêts. C’est intéressant de savoir qui se trouve derrière ces personnes qui disent que l’AVS est en crise. L’UBS, par exemple, a mené une étude sur l’état de santé de l’AVS. Cette grande banque est arrivée à la conclusion que l’AVS va mal et qu’il sera nécessaire de travailler jusqu’à 70 ans pour maintenir une caisse saine. Les banques n’ont évidemment aucun intérêt à ce que le 1er pilier s’améliore, parce qu’elles n’auraient rien à y gagner. Les banques veulent que les salariés épargnent pour leur retraite de manière individuelle en leur confiant leurs sous ; ça rapporte ! Nous, nous voulons que les assurances sociales remplissent leur mission première : être au service de tous.

FEUILLE DE ROUTE

Voici les prochaines étapes en vue du lancement de l’initiative AVSplus :

16 novembre 2012 : présentation des variantes et choix du projet d’initiative par l’Assemblée des délégués de l’USS.

Janvier 2013 : lancement officiel de l’initiative à l’occasion d’une assemblée extraordinaire des délégués de l’USS.

Février 2013 : examen du texte par la Chancellerie fédérale à Berne.

Printemps 2013 : début de la récolte de signatures, l’objectif étant d’atteindre le quorum le plus rapidement possible.