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Pour un véritable accueil des migrant∙e∙s et contre la bunkérisation de l’asile

 

Le 11 juin, une quarantaine de personnes ont envahi le hall de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) à Lausanne, pour protester contre les conditions de vie des déboutés. Par cette occupation pacifique et symbolique, le « groupe du 11 juin » a dénoncé une violence d’Etat exercée à l’encontre des requérants d’asile qui ne peut plus durer. Son constat est sévère : « Personnes vulnérables entassées dans des abris antiatomiques insalubres au mépris des recommandations médicales, requérants d’asile jetés à la rue en guise de punition, familles continuellement déplacée au mépris de la scolarité des enfants : l’EVAM abuse régulièrement de son pouvoir et ses pratiques choquent nombre de professionnels de la santé et du social actifs sur le terrain. » Il faut dire que les derniers mois ont été tragiques sur le front vaudois de l’asile : un homme mort en se défenestrant au foyer de Vennes, un autre paralysé après avoir sauté du toit du centre de Vevey, une tentative d’immolation devant les bureaux du Service de la population, un cas d’une personne qui s’est ouvert les veines dans un abri PC.

Politique de dissuasion et déshumanisation

« De là à faire un lien avec le travail de l’EVAM, le raccourci est un peu rapide », considère Erich Dürst, directeur de l’EVAM. Vraiment ? Il ne s’agirait donc que de cas isolés ? Pas du tout dénonce le collectif : C’est le « produit d’une politique délibérée et cynique. En 2012, la presse révélait un projet de l’administration vaudoise visant à rendre insoutenable la vie des requérants d’asile déboutés, afin de les pousser à quitter le pays et de réaliser au passage des économies. [...] Aujourd’hui, nous constatons au contraire que de nombreuses propositions de ce rapport nauséabond sont devenues réalité. L’hébergement en « sleep-in », structure ouverte uniquement la nuit, où les personnes ne peuvent laisser aucun effet personnel et ne savent pas si elles pourront encore y dormir le lendemain, est devenu un modèle pérenne. Les migrant·e·s qui renoncent à mendier régulièrement leur « aide d’urgence » se voient radier de l’assurance maladie de base. La « dynamisation », concept ignoble consistant à déplacer les personnes de foyer en foyer pour les priver de tout repère et de tout ancrage social, est appliquée par des fonctionnaires tranquillement installés dans leur bureau. »

Selon le collectif, il s’agit de placer les personnes dans une situation de stress et de harcèlement permanents, de les déposséder de toute intimité en même temps que de tout résidu d’existence sociale, en bref de faire d’elles des ombres en perpétuel transit. Cette violence institutionnelle crée alors des situations de détresse extrême qui aboutissent à des drames.

La logique punitive prime

Les manifestants exigent un arrêt de la « politique de déplacement », un arrêt des exclusions de structures comme punitions pour certains comportements, ainsi que la prise en compte des recommandations de la Policlinique médicale et universitaire. Le groupe dénonce également le fait que quelques femmes seules soient logées dans des foyers réservés aux hommes célibataires. Ils demandent que le dossier soit repris des mains du PLR Philippe Leuba par la majorité rose-verte du Conseil d’Etat, que le régime « humiliant et indigne » de l’aide d’urgence soit aboli, que des zones « hors contingents 9 février » soient créées, l’arrêt immédiat de la détention dite « administrative » qui punit les sans-papiers qui n’ont pas commis de délits et le lancement d’une commission d’enquête indépendante pour investiguer sur les dysfonctionnements de l’EVAM. Un point soutenu par un postulat déposé la veille de l’action au Grand Conseil vaudois et signé aussi par des députés de droite.

Dans l’après-midi, près de 500 personnes se sont réunies à la place Chauderon, à Lausanne, avant de démarrer un cortège à travers la ville, dont un arrêt devant la Service de la population, où une membre du Collectif Droit de rester (photo) a lu une lettre ironique à l’attention du personnel : « Nous, requérant∙e∙s d’asile, vous remercions pour la pression quotidienne et la torture psychologique à notre égard, qui vient s’ajouter à des conditions de vie dégradantes et humiliantes. »

Yves Sancey

Infos: http://appel11juin.blogspot.ch

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