Pouvoir d’achat et niveau des rentes : il faut vite s’attaquer au problème
La Suisse fait face à un problème de pouvoir d’achat et de niveau des rentes. En dépit de la reprise économique, les salaires réels font du surplacema. En même temps, les primes-maladie et les cotisations en hausse au 2e pilier absorbent une part toujours plus importante du salaire, de sorte que le revenu réellement disponible a même baissé. De plus, les personnes qui partent à la retraite touchent toujours moins de rente de leur caisse de pension. Tous ces constats ressortent de diverses études menées par l’Union syndicale suisse (USS) et présentées lors de sa conférence de presse annuelle.
(USS) L’économie suisse a connu une croissance vigoureuse ces deux dernières années. Et pourtant, les salaires réels stagnent. Même l’Allemagne, qui a longtemps pratiqué une « modération salariale » préjudiciable, connaît aujourd’hui une hausse des salaires plus prononcée. En Suisse, les personnes les plus touchées sont les employé-e-s de longue date, avec vingt ans ou plus d’ancienneté dans l’entreprise : depuis 2010, leur rémunération n’a pratiquement pas augmenté. Parallèlement à cette stagnation des salaires, les dépenses pour les caisses-maladie ne cessent d’augmenter et minent le pouvoir d’achat.
Sans compter que les cotisations au 2e pilier prennent elles aussi l’ascenseur. Depuis la crise financière, le taux de cotisation réglementaire moyen est passé progressivement de 18 % à bientôt 19,5 %. Mais les futurs retraité-e-s ne toucheront pas davantage de rente, bien au contraire. Depuis 2005, les rentes moyennes du 2e pilier ont baissé de 9 %. Et la situation ne fait qu’empirer : la dernière enquête de l’USS auprès de 42 caisses de pension avec 750 000 assuré-e-s montre que le taux de conversion moyen passera de 5,8 % à 5,6 % en 2019, alors qu’il se situait encore à 6,4 % en 2013. Ainsi, les futurs retraité-e-s auront non seulement versé nettement plus que les générations précédentes, mais ils toucheront de surcroît des rentes bien plus basses.
L’USS exige les mesures suivantes pour s’attaquer au problème de pouvoir d’achat en Suisse :
- Les salaires doivent augmenter substantiellement, en particulier pour les collaborateurs et collaboratrices de longue date, ainsi que pour les femmes. Pour améliorer la situation salariale des femmes, il s’agira de mettre en œuvre rapidement et systématiquement les contrôles des salaires prescrits par la nouvelle loi sur l’égalité.
- Prévoyance vieillesse : l’AVS, avec son excellent rapport coût-prestations, doit être renforcée. L’USS prépare actuellement un texte d’initiative pour une treizième rente AVS.
- Dans le 2e pilier, les bénéfices sur le dos des assuré-e-s doivent être bannis. Pour cela, il faut poser des restrictions de gains pour les assureurs actifs dans le 2e pilier, mettre en place la transparence sur les frais administratifs et introduire des certificats de prévoyance uniformes et compréhensibles. Les composantes de répartition dans la LPP doivent en outre être renforcées afin d’améliorer le rapport coût-prestations. La Banque nationale suisse (BNS) ne doit pas imposer un taux d’intérêt négatif au Fonds de compensation AVS (compenswiss). De plus, les recettes de la BNS issues des taux négatifs devraient être reversées au 2e pilier (répartition via le Fonds de garantie).
- Les réductions de primes-maladie doivent être plus importantes afin de décharger financièrement les ménages à revenus bas ou moyens. L’USS soutient l’initiative populaire qui stipule que personne ne devrait dépenser plus que 10 % du revenu disponible du ménage pour les primes d’assurance-maladie.
- La politique monétaire doit activement contribuer à ce que la valeur du franc reste équitable. Une hausse isolée des taux d’intérêts par la Banque nationale suisse (BNS), telle que certains milieux bancaires l’exigent, s’avèrerait en revanche catastrophique.
L’USS a en outre procédé à une analyse de la situation dans le domaine de la formation professionnelle. La proportion de personnes avec une formation de base de degré secondaire II reste insuffisante. Il faudra dans ce domaine réduire les inégalités et les obstacles financiers ainsi que développer des mesures de soutien spécifiques pour les personnes concernées.
Dans le cas de l’accord-cadre avec l’Union européenne, l’USS a clairement souligné que les lignes rouges fixées par le Conseil fédéral en 2013 doivent rester les mêmes. Les mesures d’accompagnement ne doivent en aucun cas être affaiblies. Au contraire : il faut davantage de protection et de contrats collectifs, avec de bons salaires minimaux.