Renforcer le service public: une condition de la reprise economique
Sortie de crise
Le service public joue un rôle central durant la période extraordinaire que nous vivons. Sans lui, la situation aurait été nettement pire et la Suisse n'aurait pas pu faire face de la même manière a la pandémie. Pourtant, de nombreux secteurs ressortent affaiblis de cette période, du point de vue de leurs finances, de leur organisation ou de la situation des travailleuses et travailleurs. Or, renforcer le service public en cette période de sortie des restrictions n'est pas une option, mais une nécessité fondamentale pour soutenir la reprise économique - et pouvoir faire face à la prochaine crise.
(USS) Alors que la Suisse faisait face a une pandemie sans precedent, et qui a necessite des mesures d'une ampleur inattendue, le service public a tenu bon. II a meme constitue l'une des bases principales de la confiance continue de la population dans les dispositions prises pour lutter contre le coronavirus. Le service public joue donc un r61e de stabilisateur systemique qui etait jusqu'ici insuffisamment reconnu. Dans un dossier publie aujourd'hui, l'Union syndicale suisse tire un premier bilan et formule des legons pour l'avenir.
Le service public a demontre ses forces precisement la ou ses adversaires croyaient voir ses faiblesses. Face a l'urgence et a la situation exceptionnelle, seule une organisation qui ne repose pas sur la concurrence, mais sur la coordination, est a meme de reagir dans le sens de l'interet public. Cesser abruptement et de maniere disparate certaines activites pour s'adapter a la demande a court terme aurait au contraire enclenche une spirale infernale. Planifier l'offre et les prestations en fonction des besoins de la population et disposer pour ce faire de ressources stables est donc particulierement important en temps de crise.
Dans les transports publics ou dans la logistique, c'est ainsi bien l'association des differents acteurs et l'existence de mandats clairs de desserte de toutes les regions qui ont permis tant le maintien de prestations durant le semi-confinement que leur redemarrage tres rapide une fois les restrictions levees. Dans l'accueil de jour ou la sante, les acteurs du service public ont assure une offre jugee par tous absolument essentielle - heureusement sans se preoccuper, dans un premier temps, de sa rentabilite economique. II a fallu engager des depenses importantes et compter sur l'engagement sans faille d'un personnel auquel on parlait jusqu'ici principalement d'optimisation des co0ts.
D'autres branches, comme les medias, ont du subir la situation penible de voir leur mission renforcee dans son importance et etre largement reconnue comme relevant du service public, mais dans le meme temps leurs recettes s'effondrer - apres des annees de baisse continue. Quant au domaine culturel, le rythme auquel il pourra se relever est encore incertain. II n'est plus possible d'ignorer, desormais, que la precarite de !'immense majorite des professionnel-le-s de la culture n'est pas seulement un probleme social pour eux, mais qu'elle fragilise egalement l'ensemble du secteur lorsqu'arrive un evenement imprevu.
Le service public a demontre dans la crise qu'il etait essentiel, et il a fait preuve de robustesse et d'agilite. Le service public est une ressource, et non un co0t. II est donc urgent de renforcer les ressources financieres dont il dispose, de permettre aux organisations et aux personnes qui le composent de sortir tres rapidement de la situation de crise, et de revaloriser les professions qui se trouvent au front - depuis de longues annees deja.
L'Union syndicale suisse formule donc les revendications suivantes:
- La priorite au developpement du service public et le renoncement a toute forme de programme d'economie ou d'austerite. La crise a montre qu'il etait important de disposer de reserves de capacite. L'approvisionnement de base de la population pourrait se retrouver en peril si une nouvelle crise survenait. II faut donc plus de service public et moins de liberalisations. Les depenses supplementaires ou pertes de recettes dues a la pandemie ne doivent conduire a aucun plan de coupes dans les prestations ou les salaires.
- Une compensation rapide et complete des pertes et difficultes engendrees par la periode de crise pour favoriser la reprise economique. Transports, soins, accueil des enfants, culture: il n'est pas acceptable, ni favorable a la reprise economique, que les acteurs du service public soient handicapes par des problemes financiers durant les mois et les annees a venir. Tout licenciement doit etre empeche dans les entreprises subventionnees ou soutenues par les pouvoirs publics.
- La revalorisation des professionnel-le-s. Les salarie-e-s de la sante ou de l'accueil des enfants doivent voir leurs competences mieux reconnues, au-dela des applaudissements. La securite sociale et de l'emploi des independant-e-s actifs dans de nombreux domaines du service public doit etre amelioree.
- Renforcement de la cooperation plutöt que de la concurrence et des mecanismes de financement stables. Mettre en place des lits de soins intensifs et accueillir des patients atteints par le coronavirus est moins rentable que bien d'autres actes medicaux. Produire une information de qualite est indispensable en temps de crise mais les recettes diminuent justement a ce moment. II faut donc desormais miser sur de meilleurs incitatifs et garantir le financement des taches essentielles pour rendre le service public plus resistant encore - par exemple en vue d'une prochaine crise.