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Risquer sa vie pour la gagner

« Le travail fut sa vie ». Encore faut-il survivre au travail pour mériter une telle épitaphe ! Sur proposition du Conseil fédéral, un nouveau coup de canif va en effet être donné à la sécurité des travailleurs. Discrètement, une modification de la cinquième ordonnance d’application de la loi fédérale sur le travail est proposée pour raboter un peu la protection des jeunes gens en entreprises.

Aujourd’hui, les travaux réputés dangereux sont interdits aux mineurs de moins de 18 ans. Mais une dérogation peut être délivrée entre 16 et 18 ans, pour peu que l’exécution de l’activité risquée soit utile à la formation professionnelle. La réforme mise en consultation publique durant mars et avril préconise d’abaisser l’âge de dérogation à 15 ans seulement, pour le faire coïncider avec la fin de la scolarité obligatoire et donc avec le début potentiel d’un apprentissage.

Actuellement, « les jeunes âgés de moins de 16 ans peuvent certes entamer une formation professionnelle, justifie doctement le rapport de la Confédération, mais ne peuvent pas effectuer de travaux dangereux, ce qui, dans certaines voies professionnelles, les empêche d’atteindre les buts de la formation ». Du coup, « dans les voies concernées, les jeunes âgés de 15 ans n’ont dans de nombreux cas pas la possibilité de commencer un apprentissage dès la fin de leur scolarité obligatoire », ajoute le même document.

Ouaip ! Tant qu’à se former, autant risquer sa vie, et pimenter un peu l’existence ! Pas du tout, rétorque la Confédération, qui a tout prévu. Des « mesures accompagnatrices » en matière de sécurité au travail devront être incluses dans le plan de formation de l’appren­ti, stipule le projet de nouvelle ordonnance.

Au final, des travaux susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité et au développement physique et psychique des jeunes dès 15 ans pourront être exécutés par eux, pour favoriser l’excellence de leur formation professionnelle.

Certes, toute activité humaine comporte des dangers, qu’il s’agit toujours de limiter, surtout de la part d’une autorité de protection. D’autant que le risque est davantage présent chez les apprentis, avec 116 accidents pour 1000 individus, que chez les adultes (85 pour 1000), soit un tiers de plus en défaveur des jeunes. Dans ces circonstances, une réelle protection consisterait à interdire tous les travaux dangereux aux mineurs et à reporter l’apprentissage des activités à risques durant la formation continue exclusivement, quand le salarié aura acquis de l’expé­rience et affiné ses capacités à évaluer le danger.

Un tel respect des travailleurs est toutefois incompatible avec le néolibéralisme ambiant, lequel doit pulvériser tous les obstacles dressés sur sa route à profit. Et c’est d’autant plus facile quand la gauche regarde ailleurs.

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