« Contrairement à ce qu’affirme M. Schneider-Amman, il ne s’agit pas d’une modification anodine », a martelé la conseillère nationale socialiste et vice-présidente de Travail.Suisse Josiane Aubert, tout en rappelant « l’agenda limpide de la dérégulation ». La doctoresse Elisabeth Conne-Perréard, membre de la Société suisse de médecine du travail, a souligné les multiples conséquences sur la santé qu’engendre le travail de nuit : Trouble du sommeil, maladies
cardiovasculaires, déficit de concentration, diabète. « Le métabolisme humain est réglé sur une vie diurne. Perturber le rythme
normal de sommeil est dangereux », affirme-
t-elle. « L’impossibilité d’avoir une vie associative et sociale normale peut être à l’origine d’atteintes à la santé mentale, comme l’anxiété ou la dépression », ajoute la spécialiste. Avec fougue, le pasteur Pierre Farron a dit son indignation face à un monde qui fait passer la liberté du commerce avant celle des individus à bénéficier de temps « libéré », qu’ils peuvent consacrer à leur vie spirituelle, sociale, familiale.

Enfin, deux employées de station-service ont témoigné avec courage de la dureté de leurs conditions de travail actuelles. « Entre 18 et 21 francs bruts de l’heure, avec des plannings qui peuvent brutalement varier de 160 heures à 40 heures par mois, comment voulez-vous qu’on fasse vivre une famille ? dit Manuela : A la fin du mois, les factures sont toujours les mêmes ! » « Actuellement, nous travaillons déjà sept jours sur sept, de 6 h à 22 h, et la vie sociale s’en ressent », note Coralie. Et les deux évoquent le stress que génère le travail en soirée, avec la crainte de l’agression qui pèse lourd lorsqu’on est seule à sa caisse. Pour elles, pas de doute, le prolongement de ces horaires d’ouverture les obligera à accepter des plannings encore plus irréguliers. (YS)