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Un débat, heureusement

Les 9 et 10 novembre, la conférence de la jeunesse a eu lieu à Berne. Pour syndicom, c’était déjà la troisième, pour l’auteur de cet article la première. En deux jours, il s’agissait de voir si la jeunesse syndicale bouge. Johannes Supe *

 

La salle est bruyante, mais aucun son n’en sort. Aucune affiche, aucun panneau, aucun autocollant n’indique l’emplacement de la conférence. Au préalable, on a cherché à élargir le cercle des initiés. Ce samedi, seize jeunes syndicalistes ont trouvé leur chemin à la Casa d’Italia, où se tient la conférence de la jeunesse de syndicom. Les phrases sont percutantes, parfois colériques : « Sans un bon système, ce sont les plus forts qui dominent. Nous ne le voulons pas – c’est pourquoi il faut une Europe plus forte. » Celui qui s’emporte, c’est Roger Nordmann. Le conseiller national PS est pour l’Union européenne (EU) – et ces phrases s’enchaînent dans un rythme vertigineux : le politicien sait parler.

Débat autour de l’UE

Nous sommes dans le vif du sujet : l’UE oui ou non ? Nordmann et Selma Schacht croisent le fer ; lui pour, elle contre l’UE ; le Vaudois contre l’Autrichienne.

En tant que membre du comité de la fédération syndicale GPA-djp (syndicat autrichien des employés du secteur privé, journalisme et imprimerie), Selma Schacht représente le point de vue des travailleurs : « La solidarité au lieu de la concurrence, l’union au lieu de la division : voilà ce que veulent les syndicats. Or l’UE s’engage, elle, pour l’inverse. » Les systèmes salariaux sont dans le collimateur et les CCT reléguées au niveau des entreprises. Quant aux salaires réels, ils chutent dans la plupart des pays européens, alors que le chômage – notamment parmi les jeunes – grimpe à un niveau record : « Quel syndicat veut cautionner cette voie ? » « Mais », rétorque Nordmann, « nous ne sommes pas seulement des syndicalistes et travailleurs. Nous sommes aussi des citoyens. »

On connaît la situation : chacun écoute, regarde autour de soi. Qu’ils parlent donc ! Ici, c’est différent. Nordmann assène : « L’UE fait une politique qui n’est ni meilleure ni pire que celle des autres pays. » Le public s’exclame­ : « Les tra­vailleurs grecs ne doivent pas seulement lutter contre leurs patrons et leur gouvernement, mais ils ont aussi une UE contre eux. C’est pire. » « Les entreprises agissent au niveau multinational – et nous devrions les combattre dans un pays ? », s’insurge un jeune informaticien.

« En Autriche, mon parti – le Partei der Arbeit – dit Non à l’UE, exige le retrait de l’Autriche. Il s’agit de récupérer les droits et possibilités de codécision qui ont disparu avec l’UE », clame Selma Schacht. La souveraineté intéresse aussi Nordmann, mais différemment : « Etre membre de l’UE est une question de dignité démocratique et de codécision. »

Une chose est claire : l’UE, telle qu’elle est aujourd’hui, personne n’en veut. Ses partisans veulent une UE qui n’existe pas (encore). Ses pourfendeurs ne croient pas qu’elle puisse devenir ce qu’elle n’a jamais été. C’est une lutte qui oppose l’utopie au matérialisme.

Petits changements en vue

Le soir, dans d’autres circonstan­ces, la discussion tourne autour de sujets tout différents. Des idées, étonnamment pratiques, surgissent. Pourquoi ne pas rendre visite à Selma et du coup aussi à la jeunesse syndicale d’Autriche ? La proposition enthousiasme. Malgré l’alcool consommé, c’est loin d’être une idée loufoque. Dans une ambiance agréable, des contacts se créent entre des jeunes désireux d’entreprendre quelque chose ensemble. Fêter, cela va de soi, mais le syndicat aussi. Ainsi, la soirée se prolonge, riche en discussions.

Il y a plusieurs semaines maintenant que la conférence s’est terminée. Mais le mouvement a laissé des traces. Quiconque marche aujourd’hui dans la Länggasse et jette un coup d’œil dans les rues latérales verra que certains poteaux de réverbère sont plus colorés que d’habitude – grâce à des autocollants bleus et blancs. Fortuitement, on peut tomber sur le nom « syndicom ». Et tout cela, sans aucune initiation au préalable

La nouvelle commission de la jeunesse

Michael Moser (président), Simon Bischof, Loïc Bourrier

Yves Frankenhauser, Stefanie Haug, Samuel Rüegger, Nadine Swan, Renate Takacs, Sebastian Walter

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