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Un été chaud pour le monde du travail

Ces dernières semaines, le monde du travail a connu un été très chaud. Les informations syndicales, parfois mauvaises, parfois bonnes, n’ont cessé de déferler. Petit tour d’horizon sur le front des luttes syndicales.

 

Les mauvaises nouvelles sont surtout tombées dans le secteur industriel et nos camarades de Unia ont été sur le pont tout l’été.

FERMETURES ET LICENCIEMENTS

Biomet au Locle (NE), un groupe américain actif dans les techniques médicales, a confirmé mi-juillet sa décision de fermer son site en juin 2014, laissant 260 employé·e·s sur le carreau. Unia demande de négocier un plan social digne de ce nom et de renoncer à faire signer des conventions individuelles. Cette fermeture se fait avant tout pour des raisons financières : le groupe marche bien, mais sa rentabilité est jugée insuffisante par les investisseurs privés (The Black Stone Group, Goldman Sachs, etc.) Selon Unia, cela est dû aux transferts de bénéfices de la filiale locloise vers le groupe.

L’usine UPM Raflatac à Martigny, spécialisé dans la fabrication de matériaux pour l’étiquetage, a également annoncé sa fermeture en juillet. Le repreneur depuis un an, un groupe finlandais, s’est révélé être davantage un groupe financier qu’industriel. Les 69 travailleurs licenciés, soutenus par Unia et les syndicats chrétiens, se sont mobilisés pour un plan social digne de ce nom. Revu à la hausse fin juillet, avec de meilleures conditions de départ, il a été accepté par le personnel. Avec la facilité de licencier en masse en Suisse, les sites helvétiques des multinationales sont ainsi les premiers à passer à la caisse.

Chez Ilford à Marly (FR), société de papier photographique aux mains de l’anglais Paradigm Global Partners, l’incertitude a pesé tout l’été pour les 220 salariés. Fin juin, on apprenait l’annonce probable du dépôt de bilan. Puis il y eut le répit avec l’annonce du rachat de l’entreprise par deux membres de la direction pour éviter la faillite. Une semaine plus tard, celle-ci annonçait un plan de restructuration divisant par deux le nombre de salarié·e·s. Sur les 66 suppressions d’emplois, 39 se feront par un licenciement, et par une retraite anticipée pour 27 personnes âgées de plus de 58 ans. La direction refuse la présence du syndicat et ne discute du plan social qu’avec la commission du personnel.

Fin août, à Genève, une vingtaine de chômeurs et chômeuses en emploi de solidarité (EDS) de l’association Partage, soutenus par le SIT, en étaient déjà à leur 8e jour de grève. Ils dénoncent des conditions de travail délétères, des salaires de misère (2800 francs net) et la création d’un service public à deux vitesse par la sous-traitance de tâches de service public, telle la levée des déchets encombrants, à des EDS.

BATAILES OFFENSIVES

L’été 2013 aura aussi été marqué par un certain nombre de luttes qui ont, elles, débouché sur des résultats intéressants pour l’ensemble des salarié·e·s de ce pays.

Fin juillet, nous apprenions qu’un protocole d’accord a été signé entre Unia et Domino’s Pizza. Victoire pour les droits syndicaux, le syndicat peut désormais informer librement les travailleurs sur le lieu de travail. Soit actuellement dix restaurants. Une première dans le domaine de la restauration. Affiches, publications et tracts peuvent être distribués librement, un exemplaire devant toutefois être transmis au préalable aux Ressources humaines. Un panneau d’affichage placé à un endroit fréquenté est dédié aux activités syndicales.

Chez Aubert Complications, au Lieu (VD), un sous-traitant de l’industrie horlogère, les employés verront leur salaire augmenter de plusieurs centaines de francs, la direction ayant accepté, fin juillet, de signer la CCT de l’horlogerie. C’est le résultat d’une bataille soutenue dont les salaires étaient l’enjeu principal. Plusieurs mois de discussion, ainsi que la pression d’un préavis de grève, ont été nécessaires.

Pour 80 horticulteurs schaff­housois, la grève a payé. Ils ont obtenu mi-juillet des relèvement des salaires minimaux allant jusqu’à 900 francs par mois. Ils refranchissent le seuil des 4000 francs. Il aura fallu un débrayage de quatre jours et demi dans neuf entreprises pour qu’un accord soit finalement signé avec Unia. Dans cette activité pénible et exigeante, les rémunérations sont jusqu’à 1000 francs inférieures à celles d’autres branches comparables, comme dans le domaine de la construction. L’association patronale JardinSuisse avait bloqué les négociations en juin.

Victoire aussi pour la liberté d’expression syndicale. L’entreprise Barbey, désavouée par la Cour d’appel pénale dans le conflit qui l’opposait au syndicaliste Pierre-André Charrière, ancien secrétaire central à comedia, n’a pas fait recours au Tribunal fédéral. Ce qui n’allait pas de soi. Charrière, porte-voix des salariés, avait en effet dit que ceux-ci étaient traités comme des esclaves.

Dans l’ensemble, là où les sala­rié·e·s se sont mobilisés, soit ils ont gagné, soit ils ont amélioré des plans sociaux. Dans tous les cas, c’est aussi pour leur dignité qu’ils se sont battus, et c’est également important face à un patronat de plus en plus arrogant et méprisant. La lutte se poursuit cet automne.

85 % du personnel de vente rejette le travail 24 h sur 24
Le problème majeur aux yeux des employé·e·s du commerce de détail suisse réside dans leurs (trop) longues journées de travail. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé à la demande du syndicat Unia par l’institut d’études de marché GfK.
Or ces horaires de travail résultent de l’extension des heures d’ouverture des commerces, dont une écrasante majorité des personnes interrogées ne veut pas.
Les vendeurs et vendeuses voient par conséquent d’un mauvais œil les tentatives des Chambres fédérales visant à supprimer l’interdiction de principe du travail de nuit et du dimanche, pourtant inscrite dans la loi. 85 % d’entre eux ne sont pas d’accord de travailler plus longtemps le soir, la nuit ou le dimanche. (YS)

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