« J’ai un super emploi à La Poste », se dit Grazia Masulli presque tous les jours, « et je ne vais jamais travailler de mauvaise humeur ». Outre son activité au guichet du PostParc bernois, elle accompagne aussi le projet itinérant visant à présenter à la clientèle de La Poste les modèles d’agences et l’offre « My Post 24 ».

Ne pas broyer du noir

Elle n’a pas envie de broyer du noir suite à l’annonce de la fermeture de 600 offices de poste supplémentaires. On aura certainement besoin du personnel menacé par les réductions de postes dans d’autres unités – Grazia en est persuadée. Mais où donc au juste ? Elle n’est pas en mesure de le dire. Et de constater : « Il règne une atmosphère légèrement tendue dans l’entreprise. » Certains ont très peur de perdre leur emploi.

Les expériences de restructurations antérieures rassurent Grazia Masulli : « Nous anticipions avec beaucoup de crainte la fusion des équipes de la Schanze et de la Bärenplatz au PostParc. La fusion s’est toutefois bien déroulée dès le premier jour – comme si nous travaillions ensemble depuis des années. C’est qu’il faut vivre avec son temps. » Elle a elle-même rejoint La Poste après avoir travaillé dans le secteur privé, et c’est peut-être la raison pour laquelle elle s’adapte plus facilement que les personnes qui ont toujours travaillé à La Poste.

Nostalgie du bon vieux temps

Malgré sa sérénité et son esprit pragmatique, elle regrette aussi un peu le passé, auquel elle songe avec nostalgie : « Je décrochais souvent le téléphone mural et demandais si la personne recherchée était présente. Aujourd’hui, tout le monde a un natel et plus personne ne vient te voir pour bavarder. Même au guichet, ils arrivent avec des écouteurs dans les oreilles et ne saluent même pas. »

Grazia considère que les achats sur ordinateur font perdre une certaine qualité de vie : « Pour moi, faire mes achats le samedi, c’est un événement. La composante sociale disparaît de plus en plus. Je suis heureuse d’avoir connu le bon vieux temps, mais aussi de participer aux transformations numériques. »

En disant cela, Grazia ne montre aucune amertume, mais plutôt une certaine malice.

Mère célibataire et directrice adjointe : pression

Grazia n’a pourtant pas toujours eu la vie facile. D’origine italienne, elle a grandi à Bolligen, près de Berne, et a connu une trajectoire professionnelle mouvementée. Après sa scolarité, elle accomplit d’abord un apprentissage de vendeuse chez Loeb, puis rejoint deux ans plus tard le Club Intersport, une agence de voyages. Voyager était à l’époque son rêve : « Bourlinguer et découvrir tous les pays ».

L’histoire a suivi un autre cours. Grazia rencontre son futur époux et au lieu d’explorer le monde, elle donne naissance à sa fille et mène dès lors une vie de famille sédentaire. Après l’échec rapide de son mariage, Grazia est obligée de prendre les choses en mains, selon ses termes. « Heureusement, mes parents m’ont beaucoup aidée lorsque je me suis retrouvée mère célibataire. » Elle reprend sa vie professionnelle, devient caissière chez Coop et grimpe les échelons jusqu’à devenir directrice adjointe de filiale. A ce poste, elle a quarante personnes sous ses ordres. « J’étais soumise à une pression extrême et ne trouvais pas toujours le ton juste, j’étais parfois trop rude, ne regardais ni à gauche ni à droite et au lieu de me soucier des préoccupations des gens, je n’avais que mes objectifs en tête. J’étais peut-être ainsi parce que nous, les femmes, nous devons davantage faire nos preuves que les hommes. »

Trouver sa voie

Grazia Masulli quitte le gros détaillant et accomplit un apprentissage d’employée de bureau. Sa formation d’opératrice de saisie à peine terminée, elle devient, du jour au lendemain, assistante de direction chez Media Monitoring. Après un intermède à Rome, elle trouve à son retour un emploi auprès de son ancien chef.

Cette vie professionnelle instable ne peut plus durer, estime son compagnon de l’époque, qui envoie secrètement son dossier de candidature à La Poste Suisse SA. Grazia est convoquée à un entretien d’embauche et fait ses débuts au guichet en 2002. Pendant un an, elle suit la formation à Olten, deux jours par semaine. Suite à la fermeture de la Kornhauspost de Berne, elle rejoint, en 2003, la filiale du Boll­werk, puis un an plus tard la Kramgasse, avant d’atterrir quatre ans plus tard à la Bärenplatz et enfin au centre d’affaires PostParc.

Syndicom, « super service ! »

La collaboratrice de La Poste était à la recherche d’une assurance protection juridique lorsqu’elle a entendu parler de syndicom pour la première fois, par l’intermédiaire d’une collègue membre du syndicat. Elle s’informe et adhère à syndicom. « Le syndicat nous soutient et obtient des résultats que nous ne pourrions atteindre seuls. Un super service ! »

Depuis que des offices de poste ferment, quelques collègues ont adhéré au syndicat. Elle-même n’est pas particulièrement active, notamment en raison de ses horaires de travail qui, depuis peu, durent parfois jusqu’à 21h et incluent le dimanche. « Mais cela n’est pas une excuse. S’il y a beaucoup de gens comme moi, les choses ne sont pas simples pour le syndicat. C’est pourquoi je suis heureuse qu’il y ait des membres actifs et je suis confiante : le syndicat sera en mesure d’obtenir une solution satisfaisante pour la nouvelle CCT. Les collègues engagé·e·s nous tiennent au courant et récoltent si nécessaire des signatures. »