Vente du Temps et de Heidi.news à la fondation Aventinus : sortir d’une logique de profits
Après plusieurs mois de rumeurs, la nouvelle du rachat du quotidien romand Le Temps et, dans une deuxième étape, du nouveau média Heidi.news par la fondation genevoise Aventinus vient d’être confirmée. syndicom se réjouit que de nouveaux modèles de soutien à la presse se dessinent sans pression de rendement mais avec une vraie conscience du rôle central de médias de qualité pour la démocratie.
Le quotidien Le Temps n’appartient plus à l’éditeur Ringier-Axel-Springer. La fondation genevoise Aventinus, fondée en 2019 pour soutenir une presse de qualité en Suisse romande, vient en effet d’annoncer son rachat. Selon un communiqué de Heidi.news, des discussions sont également très avancées pour que la fondation devienne actionnaire majoritaire du nouveau média spécialisé dans des flux thématiques.
Plus grand syndicat des médias en Suisse, syndicom se réjouit évidemment qu’une fondation investisse ainsi dans la presse, délaissée depuis plusieurs années maintenant par les éditeurs historiques. Ce nouveau modèle doit permettre de sortir de l’actuelle logique de profits appliquée aux médias et de rappeler que l’information n’est pas une marchandise mais un des piliers essentiels de la démocratie.
Ce rôle central ne peut évidemment être assuré que si l’indépendance des rédactions et des conditions de travail de qualité sont garanties. Les révélations récentes du journal le Temps sur des cas de harcèlement sexuel au sein de la RTS mais aussi le travail fouillé de Heidi.news notamment sur le sujet du Covid montrent l’importance de disposer de professionnel.le.s des médias à qui on laisse suffisamment de temps pour enquêter, expliquer et mettre en perspective.
syndicom note que la fondation Aventinus entend conserver l’entier de la rédaction du Temps et œuvrer pour garantir les emplois sur le long terme. Ce qui est évidemment une très bonne nouvelle dans le contexte médiatique actuel. Mais une fondation destinée à soutenir des médias de qualité en Suisse romande doit montrer l’exemple également au niveau des conditions de travail en intégrant et en appliquant la convention collective de travail. En outre, une fondation éditrice financée par des acteurs économiques importants se doit d’inscrire l’indépendance journalistique de ses employé.es. et des freelances réguliers dans une charte rédactionnelle claire et crédible négociée avec les représentants du personnel et les syndicats. Il est également important que le déplacement de la rédaction du Temps de Lausanne à Genève se fasse en bonne intelligence pour tous les concernés, dont certains ont été contraints de faire le trajet inverse il y a quelques années, avec les bouleversements que cela suppose.
Malgré la bonne nouvelle qu’est ce rachat du Temps par la fondation Aventinus, les semaines et les mois à venir seront sans aucun doute mouvementés pour les collaborateurs du journal. syndicom est évidemment à la disposition de ses membres et de tous les professionnels des médias concernés en ces temps troublés.
