Il faut soutenir un journalisme de qualité plutôt que les actionnaires
L’aide aux médias doit avant tout améliorer les conditions des journalistes – et ne pas renforcer les tendances monopolistiques.
Les bouleversements historiques que connaît la branche des médias compromettent la fonction politique et démocratique des médias. Cette évolution nécessite de réorienter l’aide aux médias. Il ne suffit pas de soutenir les éditeurs. L’évolution de ces dernières années a montré en effet qu’ils accordent plus d’importance aux intérêts des actionnaires et des propriétaires qu’à la responsabilité politique et démocratique. Il appartient donc à la classe politique de mettre tout en œuvre pour promouvoir la nouvelle approche. Le document de position sur la politique des médias de syndicom explique l’orientation syndicale et ses priorités: l’obligation de CCT pour les entreprises médiatiques subventionnées, le maintien de normes déontologiques et la prévention de l’écrémage des subventions.
Afin que les journalistes puissent produire un journalisme de qualité, ils ont besoin de conditions-cadres. Ainsi, ils restent en mesure de maintenir des normes professionnelles et éthiques conformes aux règles du conseil de la presse, de refléter la diversité des opinions et de garantir les services nécessaires de classification. Les conditions-cadres doivent inclure de bonnes conditions de travail et des salaires décents. Or ces derniers sont soumis à une pression croissante en raison des restructurations. Par conséquent, des mesures favorables aux médias ne devraient profiter qu’aux entreprises qui garantissent de bonnes conditions de travail par le biais d’une convention collective de travail.
Augmenter la diversité grâce à des mesures favorables aux médias
L’aide aux médias doit promouvoir la diversité médiatique de manière ciblée. A cet effet, l’aide indirecte à la presse locale et régionale doit passer de 30 à 50 millions de francs. La limitation du tirage doit demeurer à 40'000 exemplaires. En ce qui concerne les journaux dans des systèmes d’éditions jumelles, la limite supérieure du tirage total peut toutefois être portée de 100'000 aujourd’hui à 150'000 exemplaires. Dans le même temps, il faut introduire des mesures pour éviter l’écrémage des subventions. Les fonds publics ne doivent pas finir comme dividendes versés aux actionnaires des entreprises de médias. Les entreprises subventionnées doivent tenir une comptabilité séparée, différenciée et transparente.
Le même principe doit être appliqué pour l’aide aux médias en ligne, bien qu’ici aussi une limitation sensée de la taille doit être définie.
L’aide aux médias devrait se calquer sur le concept de service public
La fonction politique et démocratique des médias consiste à contribuer au service public. L’aide aux médias doit donc renforcer le service public médiatique. A cet effet, une agence de presse trilingue indépendante est nécessaire. L’actuelle Keystone-SDA ne l’est plus en raison de sa structure d’actionnariat. Ses propriétaires (éditeurs et SSR) sont à la fois aussi les clients de l’agence. En tant que propriétaires, ils exigent des bénéfices. En tant que clients, ils exercent une pression sur les tarifs de l’agence. C’est pourquoi syndicom exige que l’agence soit transformée en une fondation soutenue par les cantons, la Confédération et les éditeurs, et qu’elle garantisse une représentation aux employé-e-s.
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Le Document de position sur la politique des médias de syndicom donne une vue d’ensemble des positions syndicales. Il contient non seulement des mesures en faveur de l’aide indirecte à la presse et de l’aide directe aux médias en ligne, mais présente aussi les conditions-cadres de la SSR, ainsi que les revendications communes de la branche des médias, comme le conseil de la presse ou la formation et le perfectionnement. Il soutient la requête d’une infrastructure numérique des médias. De plus, il esquisse des mesures possibles pour une politique des médias durable et à plus long terme.