Un apprentissage doit assurer un salaire d’au moins 5000 francs
Nouvelle analyse sur la répartition
La nouvelle analyse de la répartition menée par l’Union syndicale suisse montre que la crise du pouvoir d’achat s’exacerbe. Le renchérissement, le choc des primes et la stagnation des salaires font qu’il reste aux travailleuses et travailleurs toujours moins d’argent pour vivre. Les problèmes sont présents depuis longtemps, mais leur ampleur s’est aggravée. Quiconque travaille dans ce pays mérite un salaire correct. Concrètement, cela signifie qu’aucun salaire ne doit être inférieur à 4500 francs et qu’après un apprentissage, chacune et chacun devrait gagner au moins 5000 francs. Dans les négociations salariales en cours, les syndicats demandent la compensation du renchérissement et des améliorations des salaires réels, avec des résultats déjà obtenus dans quelques branches. Ailleurs, certains employeurs tentent cependant de se dérober à leurs responsabilités malgré la bonne marche de leurs affaires. C’est absolument inacceptable.
(USS) La situation financière des personnes à revenus bas ou moyens devient toujours plus tendue, en Suisse aussi. Le renchérissement grignote les salaires, les coûts de l’énergie sont en hausse et le choc des primes des caisses-maladie suivra en 2023. Selon l’enquête du SECO sur le moral des consommatrices et consommateurs, l’appréciation de la situation financière n’avait jamais été aussi mauvaise. La crise du pouvoir d’achat des familles à revenus normaux couvait depuis des années et le phénomène est en train de prendre des proportions alarmantes.
Dès les années 2000 et jusqu’à ce jour, la politique en matière de prélèvements obligatoires a favorisé les hauts revenus, par le biais de baisses d’impôts. Cependant, la hausse des primes a englouti une bonne partie des avancées salariales : la charge pour une famille avec deux enfants et des revenus standard avoisine aujourd’hui 14 % du revenu net. Pour la première fois, une famille paiera en 2023 plus de 1000 francs de primes par mois ! Les très hauts revenus, qui pourraient plus facilement s’accommoder d’une hausse de primes de plusieurs centaines de francs, bénéficieront, eux, d’un allégement financier l’an prochain : comme le pourcentage dit de solidarité cessera d’être perçu dans l’assurance-chômage sur les salaires dépassant 148 200 francs, les personnes concernées paieront moins de cotisations sociales. Et elles verront leurs revenus progresser, car les écarts salariaux se creusent encore.
Les salaires trop bas dans plusieurs professions et branches constituent un sérieux problème. Un quart des personnes actives ayant effectué un apprentissage gagnent moins de 5000 francs par mois (pour emploi à plein temps). On y trouve des boulangères et boulangers, du personnel de vente, mais aussi des dessinatrices et dessinateurs en bâtiment, etc. En valeur réelle, les salaires ont même diminué pour ces catégories entre 2016 et 2020. La situation s’est également détériorée parmi les bas salaires, qui tendent à se répandre dans une Suisse pourtant riche. La part des emplois à bas salaire est ainsi passée depuis 2014 de 10,2 à 10,5 %. Concrètement, près de 500 000 personnes professionnellement actives gagnent moins de 4500 francs par mois (pour une activité à plein temps). Or près d’un tiers d’entre elles ont achevé un apprentissage. Autrement dit, même une formation de trois ou quatre ans ne protège plus face au risque d’un salaire trop bas.
Il est positif de noter qu’à ce jour, les syndicats ont atteint une bonne partie de leurs objectifs dans les négociations salariales 2022/23. La majorité des accords salariaux déjà signés incluent la compensation du renchérissement, voire une augmentation des salaires réels. Mais les négociations encore à venir s’annoncent difficiles. Par exemple, de nombreux cantons ne veulent pas accorder à leur personnel la compensation du renchérissement. Dans le commerce de détail non plus, les négociations ne se déroulent pas de manière satisfaisante.
Il faut résoudre les problèmes de salaire et de revenu des personnes exerçant une activité professionnelle en Suisse. L’USS formule à cet effet les revendications suivantes :
- Quiconque a achevé un apprentissage devrait gagner au moins 5000 francs par mois.
- Personne ne devrait gagner un salaire inférieur à 4500 francs, qui constituent la valeur de référence pour la politique salariale des syndicats. Un salaire de 4000 francs (x13) représente le minimum absolu.
- Dans les négociations salariales 2022/23, il faut prévoir la compensation du renchérissement et des hausses de salaires réels. La marche des affaires est bonne sinon excellente dans les entreprises. Et l’heure est venue d’augmenter les salaires des travailleuses et travailleurs.
- Des hausses substantielles subsides aux primes d’assurance-maladie s’imposent, en réponse au choc d’augmentation annoncé. L’USS invite le Conseil des États à y affecter comme le veut le Conseil national un milliard de francs supplémentaires. Les cantons doivent au moins augmenter à hauteur de la croissance des primes les montants qu’ils consacrent à la réduction de primes dans l’assurance-maladie de base.